Le trio à la tête de l’UMP demande à ce que la France prenne des positions fortes et singulières vis à vis de ce qui se passe au Moyen-Orient. Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l'Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient, nous a bien confirmé que la position actuelle de la France diverge de celle de d’habitude et qu’il attendait du gouvernement plus de propositions et de déclarations:
En France à l’UMP il y a une position qui est assez claire sur le conflit israélo-palestinien, c’est que la France doit s’imposer un peu plus dans ce conflit et avoir une position beaucoup plus singulière.
Je pense effectivement que lorsque les trois anciens premiers ministres évoquent la passivité de la France et son suivisme, je suis tout à fait d’accord avec ce constat. Effectivement depuis le début de ce conflit à Gaza et avec ce qui se passe en Irak, il n’y a pas eu véritablement une voix de la France, même si le ministre des affaires étrangères a eu quelques déclarations fortes et a multiplié les initiatives. On ne peut pas dire qu’il y a une voix de la France dans ces affaires.
Est-ce que historiquement ça a toujours été comme ça ou dans les principaux incidents entre la Palestine et Israël la France avait une position forte ?
Je crois qu’il y a toujours eu traditionnellement une position assez forte de la France à l’époque de Chirac, à l’époque de Sarkozy et bien entendu si l’on remonte au départ, c’est à dire à l’époque du Général de Gaulle en 1967. Il y avait une voix forte et il y avait surtout une position forte qui consistait à aller au fond des choses et à rappeler que toutes ces séquences tragiques que l’on voit aujourd’hui à Gaza sont liées à la situation d’occupation de territoire, comme le disait le Général de Gaulle à l’époque. C’est à dire revenir à une discussion de fond. Il n’y a eu aucune analyse globale de la part du président François Hollande et encore moins de proposition qui émanent de la France et c’est vrai que c’est très regrettable c’est une rupture par rapport à ce que la France faisait. Je crois que la France a beaucoup tardé à prendre des positions fortes.
A quoi est due cette rupture par rapport aux positions fortes du passé ?
Sur Gaza je crois qu’il est évident que la position de François Hollande est différente des précédents présidents et il y a une rupture. Avant il y avait une position assez équilibrée entre d’un coté l’exigence de la sécurité de l’état d’Israël et d’autre part le droit des Palestiniens à avoir un état. C’était ça le grand équilibre, que François Mitterrand a rappelé il y a longtemps. François Hollande a rompu cet équilibre en ne voyant que le droit à la sécurité d’Israël sans se préoccuper le moins du monde du droit des Palestiniens. C’était vraiment une rupture et après un silence après ce communiqué au tout début du conflit sur Gaza.
Selon vous quelle devrait être la position de la diplomatie française maintenant, qu’est ce qu’elle devrait faire pour gérer ces conflits ?
Il aurait fallu une vraie déclaration forte de François Hollande qui rappelle les positions traditionnelles de la France, le droit à la sécurité de l’état d’Israël et puis le droit des Palestiniens à avoir un état. Je crois qu’il aurait du replacer le conflit de Gaza dans ce contexte là et c’était une manière importante de rééquilibrer les choses par rapport à ce qu’il a pu dire. Et puis aussi peut être il aurait fallu faire des propositions, il y a des propositions concrètes que la France pourrait faire et qu’elle n’a pas faites. Ni en terme d’analyse, ni en terme de propositions la France ne s’est pas fait entendre sur le problème de Gaza. Sur la propositions de la France il y avait une chose à faire c’est d’ériger une interposition des nations unies, c’est très intéressant de voir que personne ne parle d’une intervention des nations unies.