Cette déclaration du Premier ministre polonais Donald Tusk est de nature à pouvoir refroidir certaines « têtes chaudes » à Bruxelles. Or le pépin est que l’architecte en chef de telles sanctions se trouve outre-océan, rappelle notre observateur Piotr Iskenderov.
Cette prise de position revient à reconnaître la portée objective des liens de la Russie avec l’UE dans la sphère énergétique. De tels liens se formaient déjà du temps de l’URSS et de la guerre froide et plaçaient au centre des préoccupations la sûreté et la prévisibilité des livraisons – à la différence des projets de « gaz de schiste » que les Etats-Unis imposent actuellement à l’Europe. Les dits projets se distinguent précisément par leur imprévisibilité, explique à notre correspondant Nikolaï Ivanov, en charge des marchés énergétiques à l’Institut russe de l’énergie et des finances :
« L’imprévisibilité relève de la nature même du gaz de schiste. Il est question de gaz naturel réparti dans la roche de schiste. Cela signifie l’absence de gisements traditionnels, dits « pièges », porosités qui peuvent être remplis de gaz. »
La fameuse idée de solidarité euro-atlantique, sur laquelle les Etats-Unis spéculent activement, reste un problème non moins sérieux. Une « guerre énergétique » entre la Russie et l’Union Européenne objectivement profite précisément aux compagnies américaines, comptant monopoliser le marché européen et à la fois prendre sous contrôle les voies de transport transcontinental des ressources énergétiques.
Et là il appartient déjà à la direction de l’UE et de certains pays membres de se libérer des chaînes d’euro-atlantisme, a rappelé à La Voix de la Russie le président de l’agence russe de consultation économique « Neokon », Mikhaïl Khazine :
« Dans les conditions présentes l’Europe doit elle-même transformer son mode de vie politique. Il est question de la soi-disant conception de l’unité euro-atlantique. Il faut avoir en vue qu’elle ne prévoit pas du tout de relations exclusives avec la Russie, reposant sur des ententes politiques. »
« Les états d’esprit en Allemagne se détériorent, les compagnies réfléchissent à deux fois avant de faire des investissements, et le moteur de l’économie a des ratés », c’est dans de telles couleurs sombres qu’a dépeint la situation dans la principale économie de l’UE l’analyste principal pour les marchés européens de la société Nordea Markets à Copenhague, Holger Sandte. Si les pays européens auront encore à résoudre d’urgence des problèmes énergétiques, l’économie de l’UE pourra ne pas tenir le coup.