Selon le quotidien Beijing Youth Daily, l’addiction au travail emporte en RPC plus de 600.000 vies chaque année.
Cependant les Chinois continuent à passer de plus en plus de temps au travail. En non pas parce qu’ils sont assidus, mais parce qu’ils veulent gagner plus d’argent.
Les Chinois ont toujours été travailleurs. En 1894, le missionnaire américain Arthur Smith écrivait dans son livre Chinese Characteristics que chaque habitant de l’Empire du Milieu a l’habitude de travailler de l’aube jusque très tard dans la nuit. Et peu importe s’il s’agit d’un paysan pauvre ou d’un homme d’affaires aisé. Au 21e siècle, les Chinois restent l’une des nations du monde à aimer le travail. Selon une étude conjointe de l'Université de Pékin et du site de recherche d’emploi Zhaopin.com, un employé moyen passait quotidiennement 8,6 heures sur son lieu de travail en 2012, soit près de 43 heures par semaine. A titre de comparaison, selon les estimations du quotidien Handelsblatt, les Allemands travaillent en moyenne 33,5 heures par semaine.
En Chine, selon le Code du travail, la semaine est de 40 heures, avec une possibilité de faire deux heures supplémentaires chaque jour. Mais ces normes ne sont pas toujours respectées. 60% des répondants à un sondage réalisé à Pékin ont admis qu'ils passent quotidiennement plus de deux heures supplémentaires autorisées sur leur lieu de travail. Et ce n’est pas exceptionnel.
« Dans les pays d’Asie, comme la Corée du Sud, la Chine ou le Japon, du fait de la culture confucéenne, les employés sont beaucoup plus engagés et impliqués dans leur travail, même si l’on les compare à la culture d’entreprise des pays anglo-saxons », analyse le chef des recherches asiatiques de l’Université Temple du Japon Jeff Kingston.
« L’assiduité, l’amour du travail… ces valeurs sont activement promues par l'État. Le héros national Lei Feng était il y a une époque le symbole de l’amour du travail et de l’altruisme, et de nos jours, la propagande officielle n’a pas oublié « l’esprit Lei Feng ».
Après la mort soudaine à l’âge de 51 ans de l’aviateur chinois Luo Yan en novembre 2012, surnommé par la presse « le père des chasseurs militaires chinois », des discussions sur la nécessité de revoir l’éthique du travail ont commencé au sein de l’opinion publique chinoise. Jusqu’à présent, cette éthique incitait les employés à « donner leur maximum » pour réaliser au plus vite et plus efficacement la mission qui leur a été confiée. Mais le drame de l’aviateur chinois a fait beaucoup réfléchir les fonctionnaires. Luo Yan est décédé d'une crise cardiaque le jour où son projet-phare, le chasseur J-15, a réussi son premier atterrissage sur un porte-avions.
En Chine, le problème de l'excès de stress au travail est compliqué par le manque de repos, voire la quasi-absence de vacances. D’après la législation chinoise, depuis 2008, en plus des 11 jours fériés dans l’année, le Chinois qui travaille moins de 9 ans, a le droit de prendre 5 jours de congés payés. La période maximale de congés payés, 15 jours, prévue par la loi, peut être demandée uniquement par les employés qui sont dans la vie active depuis plus de 20 ans. Pour comparaison, au Brésil et en Lituanie, où le système des congés payés est le plus généreux du monde, l’employé peut prendre jusqu’à 41 jours de vacances dans l’année. Cependant, selon une enquête conjointe de l'Administration nationale du tourisme de la RPC et l'Académie chinoise des sciences sociales, un tiers des Chinois n’auraient jamais profité de leurs congés payés. 80% des personnes interrogées affirment préférer renoncer aux congés, moyennant une possibilité de gagner plus d’argent.
Si les Chinois n’aimaient pas le travail, l’économie chinoise n’aurait jamais pu atteindre de tels sommets à l’échelle globale. Mais le revers de la médaille de ces succès, ce sont les décès, les accidents vasculaires cérébraux ou les formes graves de dépression à cause du surmenage. Selon Radio Chine Internationale, 1600 Chinois meurent chaque jour sur leur lieu de travail à cause du surmenage.