La liste élargie des sanctions comprend huit personnes physiques dont le premier vice-directeur de l'administration présidentielle Alexeï Gromov et le ministre de l’intérieur de la Crimée Sergei Abissov. Le président Obama avait également annoncé une nouvelle série de sanctions contre les secteurs de l’énergie, d’armement et des finances de l’économie russe. Les limitations concernent désormais les banques VTB, Vniesheconombank, Rosselkhozbank, Sberbank et la société gazière Gazprom. L'objectif prioritaire de ces sanctions est d'affaiblir la Russie. C’est une tentative de lui faire perdre son statut du grand acteur économique et politique international, estime Andrei Souzdaltsev, vice-doyen de la Faculté d’économie et de politique internationale à la Haute école d’économie.
« Les sanctions sont de plus en plus importantes et elles vont de toute évidence continuer à s'élargir. Le facteur ukrainien n’est qu’un prétexte et s’il disparaît un jour, il y aura d’autres prétextes à sa place. On veut faire de nous un pays de troisième zone sous une pression permanente du monde extérieur. Il s’agit bien d’une campagne orchestrée alimentée justement par notre fermeté et le refus de nous abaisser aux procédés semblables.»
Les médias occidentaux présentent également la Russie sous un angle négatif. La presse américaine et européenne parlent de la Russie comme de l’unique responsable de la catastrophe du Boeing malaisien à renfort d’arguments douteux ou ouvertement forgés. La propagande antirusse de cette intensité infléchit l’évaluation européenne des événements en Ukraine, estime Giulietto Chiesa, journaliste italien, homme politique et ex-député du Parlement européen.
« Si il y a 3 à 4 mois, il était encore possible de faire entendre la raison aux gens, la majorité pense désormais que c’est réellement la faute de la Russie. C’est complètement faux mais tel est l’effet du martèlement de propagande. Les attaques antirusses ont une bonne presse et le crash du Boeing malaisien a été habilement exploité à la même fin. Le New York Times écrivait ouvertement : « nous savons que l’avion a été abattu par les miliciens avec l’aide de la Russie ». Vous vous rendez compte de l’impact des déclarations de ce genre sur l’opinion publique.»
Pourtant, les sanctions économiques suscitent des réactions mitigées en Europe malgré l’influence des médias. Aussi le journal britannique Daily Telegraph estime que le durcissement des sanctions contre la Russie aura des répercussions très négatives sur les intérêts financiers britanniques.
En ce qui concerne les banques russes sanctionnées, les experts notent que les parts détenues l’État font partie considérable de leur capital. Cela signifie qu’en cas de difficulté, elles obtiendront facilement le financement de la part de la Banque nationale. Par conséquent, ces sanctions ne feront pas de tort à l’économie russe à moyen terme.
Il n’en reste pas moins qu’un nouvel élargissement des sanctions imposées par l’UE, laisse supposer que ses membres agissent sous l'influence de Washington. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter ce que disent les hommes d’affaires européens qui n’hésitent pas à exprimer leur point de vue qui diverge de la ligne officielle. On assiste ainsi à un changement de rhétorique au sujet des sanctions antirusses. Si auparavant, elle faisait apparaître un « ferme désaccord » avec ces mesures, elle exprime désormais « un profond regret », ce qui ne saurait d’ailleurs étonner personne./E