Bien que la classe politique persiste à dire que le conflit Israélo-palestinien ne s’importe pas en France et que les comportements antisémites ne sont pas tolérables, les juifs de France sont de plus en plus nombreux à partir. C’est une décision difficile et la réalisation est également compliquée, c’est un départ vers l’Israël, un pays différent avec une langue différente, mais malgré le conflit et la guerre les gens partent. Ariel Kandel directeur de l’Agence Juive de France nous a bien confirmé cette tendance à la hausse :
Pour vous donner des indications, entre 1948 et les années 2000 c’était plus ou moins 1000 immigrés en moyenne par année, ensuite on est passé dans les années 2000, jusqu’à 2012 à 2000 immigrés par année et puis là en 2013 on est passé à 3300 et en 2014 on va dépasser les 5000.
A quoi est ce que vous liez cet accroissement ?
L’accroissement de l’immigration juive est lié à 4 facteurs, qui sont tous liés les uns entre les autres. Vous n’avez aucune personne qui va vous donner une seule raison qui va faire qu’elle décide de partir, de faire son Aliyah.
Premièrement il faut comprendre que les juifs de France sont des gens très proches de l’état d’Israël, qui sont très sionistes, pas toutes les communautés juives dans le monde sont aussi proches de l’état d’Israël. Il faut savoir que dans les années 60 les juifs qui ont quitté l’Afrique du Nord, certains sont partis en France et certains en Israël, ça fait deux grands groupes et donc énormément de juifs en France ont de la famille en Israël.
Deuxièmement on peut parler de climat antisémite, c’est le mot climat qui est important. Il y a un nouvel antisémitisme décomplexé en France, qui fait qu’on peut être antisémite, mais qu’au final on va appeler ça de l’antisystème. La société civile ne régit pas contre ces affaires là, si l’on prend l’histoire de Dieudonné, toutes les histoires qui se passent ces dernières semaines. Il y a une condamnation très forte de la classe politique et de la presse, mais en terme de société civile, il ne se passe rien du tout, la rue française ne manifeste pas contre ces phénomènes là et ça c’est quelque chose qui inquiètent énormément la population juive.
Ensuite vous avez le climat économique, qui est extrêmement mauvais en France, 0% de croissance, un chômage très élevé chez les jeunes, ce qui fait que pour les Français en général et pour les jeunes il devient à la mode d’aller voir à l’étranger. Donc forcément pour les juifs de France il y a une possibilité économique qui est autre et qui s’appelle Israël, les juifs de France voient véritablement Israël comme une option économique qui est plus concrète que la France.
Et la quatrième raison c’est un effet de vague, c’est à dire que plus vous avez de gens qui décident de faire l’Aliyah et plus pour ceux qui y pensaient ça devient simple. Parce que le fait de faire son Aliyah ce n’est pas simple, c’est se retrouver dans un pays avec une langue et une culture différente. Plus de gens font leur Aliyah et plus ça en attire d’autres à la faire.
Les derniers événements et les manifestations pro-palestiniennes avec les débordements qui ont suivis, est ce que ça a contribué ou est-ce que ça va contribuer à encore plus augmenter l’Aliyah ?
Ce ne sont pas vraiment les événements qui ont de l’importance, c’est plutôt la non réaction de la société civile. Quand vous avez ce genre d’événement et il y a une indifférence totale, quand il n’y a aucune manifestation contre et les gens sont soit indifférents, soit ont peur de manifester contre ces mouvements là. Alors forcément quand il y a une minorité qui est menacée, ça inquiète. Encore une fois la presse et les politiques font leur travail, mais l’on ne sent pas que ça touche vraiment la rue Française et forcément ça a une influence.
