Un député turc : on n’a plus confiance en Turquie

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« La Turquie a définitivement perdu sa popularité au Proche-Orient ». C’est l’avis du leader d’un parti d'opposition, Parti populaire républicain Kemal Kılıçdaroğlu.

Pourquoi tient-il des propos aussi durs ? Les appréciations de l'opposition, ne sont-elles pas prématurées?

Le représentant de la fraction du Parti Populaire Républicain dans le comité international du parlement turc, ancien représentant spécial de la Turquie à l'ONU Osman Taney Korutürk a répondu à cette question de « La Voix de la Russie ».

– Le leader du Parti Populaire Républicain Kemal Kılıçdaroğlu a accusé la direction du parti au pouvoir de la fausseté de sa stratégie proche-orientale. Qu’est-ce qui embarrasse concrètement les partisans du parti d’opposition?

Osman Taney Korutürk : La Turquie a perdu son ancien poids dans l'arène proche-orientale. La cause, c’est la stratégie proche-orientale erronée du gouvernement actuel. Auparavant, la Turquie jouait dans la région un rôle constructif. Ses efforts en politique étrangère visaient l’assurance de la stabilité régionale. Et cela répondait aux intérêts de notre pays. C’est que la Turquie est un pays qui est capable de se développer exceptionnellement dans des conditions de stabilité régionale, en l'assurant avec l'aide de ses propres outils de « la force douce ». Elle faisait autrefois un apport sensible dans les processus de la solution des problèmes de la région, en assurant alors une situation stable au Proche-Orient.

Le rôle constructif de la Turquie était fondé sur son approche impartiale au règlement des différends entre les pays de la région.

On avait confiance en Turquie. Par exemple, au cours de la guerre irano-irakienne, les intérêts de l'Iran en Irak étaient défendus par l'ambassade turque à Bagdad, et les intérêts de l'Irak en Iran – par l'ambassade turque à Téhéran. De même, la Turquie soutenait les contacts avec les deux parties du conflit palestino-israélien.

Cependant, aujourd'hui, la Turquie, malheureusement, est devenue une partie de divers conflits régionaux. Elle ne propose plus de solutions impartiales, et cela se fait sentir négativement sur son poids dans la région. On a cessé de lui faire confiance.

C'est pourquoi nous trouvons que dans la politique proche-orientale, Ankara devrait revenir aux principes fondamentaux de la Turquie républicaine. Seulement ainsi, notre pays pourra regagner la popularité et jouer un rôle constructif, prenant une place digne dans la région.

– Au dire de Kemal Kılıçdaroğlu, le gouvernement turc accordait une aide militaire aux extrémistes de l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Mais on sait que ce groupement a pris en otages et continue à retenir en captivité des diplomates turcs. Où est donc la logique ? M. Kılıçdaroğlu, n’est-il pas trop pressé à tirer des conclusions ?

Osman Taney Korutürk : À première vue, il semble en effet que toute logique y est absente. Si l’EIIL reçoit l'aide turque, il ne devrait pas attaquer les diplomates turcs. Probablement, le gouvernement turc partait de la même logique.

Il faut comprendre cependant que l’EIIL n’est plus un groupement contrôlable qui se battait en Syrie contre le régime d'Assad, y compris, avec l'aide turque. Son influence au Levant a considérablement augmenté. Maintenant, sur les vastes territoires du Proche-Orient, le groupement tente de créer un nouvel État, « le califat islamique ». La Turquie a sous-estimé ses possibilités et ne s'attendait pas à un tel tournant des événements. Et la situation est devenue incontrôlable.

Ayant pris les citoyens turcs en otages, les extrémistes de l’EIIL ont privé Ankara de la possibilité de mener quelque opération militaire contre eux. N'importe quelle tentative semblable peut coûter la vie aux diplomates turcs. La Turquie ne pourra pas non plus soutenir une opération internationale. Les diplomates sont devenus « un bouclier vivant » entre les mains des extrémistes de l’EIIL. C'est très triste. C'est un coup sur le prestige de la République turque.

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