Et il ne mâche pas ses mots quand il parle du Boeing Triple 7 pulvérisé par un tir au-dessus d’une zone en guerre où il volait en suivant la consigne donnée par le contrôleur de l’air ukrainien avec l’aval du contrôle européen. Plus qu’une bavure, un crime !
Voix de la Russie. On souhaiterait vous entretenir sur un sujet que vous semblez maitriser. Il s’agit des crashs aériens. Récemment, un crash est survenu en Ukraine, avec tous les membres de l’équipage –pilotes, hôtesses de l’air- et tous les passagers qui sont morts. On se pose beaucoup de questions, il n’y a pas encore de réponse, car la guerre bat son plein en Ukraine. On est un peu étonné du ton adopté par la Maison Blanche, car même avant la fin de l’enquête. Monsieur Obama vient d’accuser la Russie d’être coupable de ce crash, en disant qu’une roquette voire un intercepteur aurait été envoyé par les russes pour faire abattre l’avion au-dessus du territoire ukrainien. On se pose des questions sur le bien-fondé de telles déclarations avant le début de l’enquête. Vous avez rédigé un livre « Un crime de guerre américain: le vol 655 Iran air »et« Pourquoi l’Amérique – 11 septembre 2011 », tous deux publiés aux éditions Avatar et disponibles en version électronique chez Librade.com. Comment commenter ces déclarations d’Obama, avec un peu de recul, d’abord par rapport à vos livres, et à vos enquêtes déjà réalisées sur le sujet des crashs aériens? On vous écoute avec beaucoup d’attention.
Jacques Bordes: Je suis un peu surpris, comme tout le monde, car si tôt annoncée la nouvelle on nous sort tout de suite du chapeau un coupable. Monsieur Porochenko, dix minutes après le crash avait déjà désigné les coupables qui étaient forcément les sécessionnistes. Cela ne venait forcément pas de son côté. Idem pour les américains. Ce qui me gêne et me semble révélateur est cette volonté étatsunienne de désigner un coupable d’office et l’autre aspect c’est l’enchainement médiatique qui s’est produit et qui me fait penser à ce qu’il s’était passé en 1988 quand le USS Vincennes avait abattu de deux missiles et non un seul, un airbus iranien. Immédiatement par le biais des Etats-Unis s’impose une vérité médiatique que personne ne vient contester. Et avant même que l’enquête ait démarré, l’accord est entendu, verbatim. Selon Obama le coupable est désigné. Et le coupable est forcément dans ce qu’il se passe actuellement dans l’Est de l’Ukraine, alors qu’on n’a pas d’éléments. A la limite, je ne suis pas sur place, je n’ai pas d’éléments particuliers, la thèse d’une bavure éventuelle, car il y a des combats aériens, des tirs de missiles à portée, pourquoi pas !
Mais que cela soit au moins déterminé par une enquête ! Et alors c’est intéressant de voir que si vous prenez à ce stade de l’enquête les éléments, il y a trois parties pro-russes: Russie, Ukraine, les pro-Russes regroupés dans la Novorussia, qui pourraient être mêlés à cet incident.
Car on sait bien que les deux premiers, Russie et Ukraine, sont des utilisateurs officiels de missiles sol-air développés, on a tout de suite dit que c’était un missile russe. Ca peut être cela sauf qu’on n’a pas d’éléments techniques, de pièces ou de numéros de série nous le prouvant. Donc vous avez deux parties, qui sont les utilisateurs officiels du sol-air, les deux premiers sont des pays exportateurs de pièces de rechange, car l’Ukraine sert souvent de sous-traitant, pour d’autres missiles et cela pour toute la clientèle internationale des missiles sol-air russes qui se vendent très bien. Et troisièmement, on a aussi peut-être les gens de Novorussia qui seraient des utilisateurs ou non, au sens classique c'est-à-dire, ou le client ou ceux auxquels on a donné des missiles, avec énormément d’incertitude, sur leur capacité à les maîtriser. Donc, il y a trois possibilités technologiques et techniques. Sauf que, bis repetitas, il y a une fatwa édictée par Barack Hussein Obama, disant : « C’est simple, voici les coupables, et surtout, ne parlons pas des Ukrainiens, et l’autre thèse voulant que le tir soit parti du côté ukrainien ». Or, les Ukrainiens ont eux aussi ces missiles.
Ce qui est intéressant, c’est la posture d’un certain nombre de spécialistes, qui effectivement sont assez bons, je pense à Michel Chevalet ou à Vincent Amison, dans les médias. Au début, ils parlaient de l’Ukraine et citaient les types de missiles de l’armée ukrainienne. Et subitement, on n’en entend plus parler du tout. C’est exactement une pression médiatique qui s’exerce sur la profession et qui fait qu’alors qu’il y a trois pistes possibles, l’une de ces trois pistes disparaît des écrans – comme l’avion. Et là je dis qu’il faut se poser des questions sur la manière dont les choses se mettent en place. On n’a pas d’éléments pour l’instant! Et les pistes soulevées du côté russe on en parle très peu, parfois cela apparait sur TF1. Avant-hier soir, ils évoquaient les probabilités mises en avant par les médias russes. Puis, rapidement cela disparaît. Il y a une sorte de comportement médiatique que j’ai du mal à comprendre en tant que journaliste.
VDLR. Merci beaucoup, Jacques Bordes, de votre réaction. Alors la théorie du complot, vous connaissez bien, car vous êtes un vieux routier. Que pensez-vous de cette théorie, ayant travaillé sur des sujets délicats dans le domaine géostratégique. D’après vous, est-ce que la vérité percera un jour ? L’Occident arrivera-t-il à se mettre d’accord avec les Russes ou l’enquête sera-t-elle finalement étouffée, et privée de conclusion?
Jacques Bordes. Alors là, il y a une grosse difficulté si on prend la théorie du complot. Si on y voit un coup monté plus ou du moins téléguidé par des gens à Washington, le but serait de pousser les Russes a la négociation, à l’abandon de leur soutien aux séparatistes pro-russes, en leur montrant jusqu’où est prêt à aller l’Amérique. Il s’est passé la même chose avec Iran Air: subitement un avion disparaît des écrans, abattu d’un double tir de missiles, avec le commandant du navire qui non seulement n’est pas blâmé – certes, il est mis à l’écart au niveau de sa carrière, mais il reçoit quand même une très grosse médaille. Quand on abat un avion civil avec 300 passagers, généralement on n’est pas décoré dans les pays normaux. Là, c’est ce qu’il s’est passé. Donc, cela laisse supposer que c’est un jeu géopolitique. On sait bien que les grandes puissances sont des monstres froids qui n’hésitent pas à tuer des gens. On sait bien que les Etats-Unis, via le programme Phoenix et la CIA ont éliminé physiquement et systématiquement des gens plus ou moins proches du Viêt-Cong. Il y a aussi eu d’autres programmes en Amérique Latine. Dire que les Américains sont capables de tuer des gens, cela n’est pas vraiment une nouveauté. Je pense que c’est un marqueur. Le but est de montrer à l’autre partie jusqu’où l’on est capable d’aller ! Et, effectivement, après cela permet de faire des pressions. Maintenant on sait bien que du côté de Novorussia, il y a un énorme embarras pour eux à utiliser leur armement anti-aérien quand ils sont attaqués par des hélicoptères … car il y a le risque que cela soit mis en exergue, que les medias occidentaux disent : « Ah ! Vous voyez, ils ont des missiles et risquent d’abattre des avions ! ».Tout cela joue. On peut dire qu’on est dans une partie qui correspond à la théorie du complot et qui est bien réelle.
Commentaire de l’Auteur. Il faut mettre en garde ceux qui pavent la route des bonnes intentions et qui se croient vivre dans un pays des bisounours. Voulant secourir les pauvres petits choux ukrainiens dans leur âpre combat contre les méchants Russkofs, ils risquent la vie des Européens, car le sang est rouge quel qu’en soit l’origine et quand on est habitué à sa couleur on ne regarde pas les passeports. Que vont donc faire nos amis occidentaux des brigades infernales de Kiev dont les membres deviendront demain des Européens à part entière ? Ces seigneurs de la guerre qui commettent des exactions des plus abominables, pires que les crimes hitlériens sont acclamés par la Commission de Bruxelles. Alors ne soyez pas étonnés que les Boeing tombent du ciel ! Pour noircir un peu plus le tableau, je vous dirai, en ancien militaire, qu’il est facile de toucher l’avion à son envol dans la zone aéroportuaire. Et s’il se crashe sur le tarmac d’une piste d’atterrissage, cela ne fera qu’augmenter les dégâts. Alors le jour où les nazis de Kiev décideront de rançonner la Communauté, il leur suffirait de toucher par un missile un avion au décollage quand il est particulièrement vulnérable. Ce jour-là l’Europe pleurera encore ses morts, car qui sème le vent récolte la tempête.