Les Etats-Unis ont de plus en plus de mal à convaincre l'Union européenne d'adopter un nouveau train de sanctions contre la Russie, estiment les experts ayant pris part mercredi à une table ronde organisée par l'agence d'information internationale Rossiya Segodnya.
La semaine dernière, Washington a gelé les avoirs (présumés) de certains responsables politiques russes et les a interdits de séjour aux Etats-Unis. Les autorités américaines ont également infligé des sanctions économiques contre des entreprises de défense et des sociétés productrices de matières premières russes. Washington espérait en outre que les chefs de diplomatie des pays membres de l'UE réunis mardi à Bruxelles adopteraient un troisième paquet de sanctions contre Moscou, mais cette décision a été reportée à jeudi.
"Si, malgré leur détermination et leur inflexibilité, les Etats-Unis n'ont pas réussi à faire décréter de nouvelles sanctions par l'UE, il leur sera beaucoup plus difficile de le faire à l'avenir", a déclaré Dmitri Danilov, de l'Institut d'Europe affilié à l'Académie des sciences russes.
L'expert estime que si les Etats-Unis continuent à faire pression sur la Russie avec leurs sanctions, ils finiront par porter atteinte aux intérêts des pays européens.
"Si l'Amérique poursuit sa ligne de conduite, cela signifie que des pays tiers - en l'occurrence européens - seront impliqués dans la politique des sanctions, ce qui ne tardera pas à nuire à leurs intérêts", a ajouté M.Danilov.
Cet avis est partagé par Alexeï Moukhine, directeur du Centre d'information politique (Moscou).
"L'adhésion de l'Union européenne aux sanctions américaines - ce qui ne s'est pas encore produit - aurait des conséquences économiques très graves pour l'UE. Voici pourquoi cette dernière doit faire preuve de bon sens et ne pas soutenir ces mesures", a indiqué M.Moukhine.
Suite au rattachement de la Crimée à la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne ont décrété des sanctions contre Moscou, accusé d'envenimer le conflit en Ukraine. Moscou a à plusieurs reprises indiqué que le langage des sanctions n'était pas de mise avec la Russie.