Kiev attend la deuxième tranche du crédit du Fonds monétaire international. Son montant avoisine un milliard et demi de dollars. La première tranche, de trois milliards de dollars, a été reçue en mai.
Abstraction faite de l'intensification de l'opération militaire contre les habitants du sud-est, rien n'a changé dans le domaine social et dans l'économie. La défense est financée par Kiev au détriment de tous les autres domaines: cette année, les dépenses militaires ont augmenté de 25% par rapport à 2013.
Arseni Iatseniouk, qui récemment encore évoquait faiblesses de l'économie ukrainienne, ne s'oppose pas à ces dépenses militaires démesurées. Il a envoyé dans le Donbass une commission spéciale pour la simple raison que les sommes allouées ne sont pas dépensées conformément aux plans des autorités. Il y a peu, les militaires se sont plaints de la mauvaise qualité des gilets pare-balles. Précédemment, des rations de combat américaines livrées à l'Ukraine avaient été aussitôt mises en vente dans les magasins en ligne.
Les hommes d'affaires, ne faisant plus confiance à Kiev, se sont attelés à la tâche. Le directeur de l'Institut des crises nationales Nikolaï Sorokine signale que le gros du financement provient de ces derniers:
« Le financement est assuré par les oligarques tels que Kolomoïski, Porochenko ainsi qu'Akhmetov et l'équipe de Koutchma qui y ont participé jusqu'à ces derniers temps. Il faut y ajouter certaines initiatives privées visant à attirer le financement étranger. Une certaine aide est accordée par des pays occidentaux. Cependant, le but n'est pas d'investir dans l'économie. Tout est consacré aux besoins de l'opération militaire ».
Mais la guerre dans le sud-est est une entreprise onéreuse. Les experts ont calculé à la fin mai que les autorités avaient déjà dépensé à ses fins 150 millions de dollars, soit environ 3 millions par jour. Ceci dans un pays où le minimum vital est de 102 dollars. Le conseiller en chef de l'Institut russe des études stratégiques Vladimir Kozine estime que Kiev aurait pu trouver une meilleure utilisation aux ressources dépensées pour la guerre :
« Kiev continue d'allouer des fonds à l'opération militaire dans le sud-est. Cela en dépit de l'endettement de l'Ukraine. Kiev aurait pu régler sa dette gazière, négocier avec la population de Lougansk et de Donetsk, l'autoriser à parler russe et renforcer son autonomie, notamment sur le plan économique. Malheureusement le pouvoir à Kiev appartient à des gens qui ne comprennent rien à la politique intérieure et étrangère ».
La soi-disant aide de l'Occident ne vise pas non plus à améliorer la situation en Ukraine. Les 5 milliards dépensés par les Etats-Unis pour établir la démocratie en Ukraine ne l'ont pas rapprochée des valeurs occidentales. Au contraire, le pays s'est enlisé dans une guerre civile. L'assistance du FMI ne promet pas une hausse des salaires et du niveau de vie. Car Kiev ne recevra la deuxième tranche qu'à condition de réduire les dépenses dans tous les domaines, sauf la défense. Nikolaï Sorokine est convaincu que l'Occident n'est pas du tout opposé à la poursuite de la guerre:
« Kiev n'est pas un acteur indépendant du processus historique : il est manipulé par les Etats euro-atlantiques et par les Etats-Unis en vue de créer des barrières de filtration à la frontière de la Russie, de rapprocher leurs forces stratégiques de cette frontière et de déplacer au maximum à l'Est leur zone d'influence. C'est pourquoi l'emploi des finances ne dépend pas de Kiev. Sans réprimer la révolte et sans éliminer la menace « terroriste », Kiev ne pourra pas exister normalement car il est notoire que l'est est le principal contributeur de l'économie ukrainienne ».
Voilà pourquoi les dirigeants ukrainiens ne sont pas disposés à suivre leurs déclarations sur la paix, à augmenter les allocations sociales et à régler la dette pour le gaz russe. Kiev préfère réduire la consommation d'énergie et les dépenses publiques. Les victimes de cette politique seront au premier chef les habitants du pays, indépendamment de savoir s'ils soutiennent le pouvoir ou s'y opposent : ce sont eux qui gèleront cet hiver.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.