Les premières places de l'Indice mondial de l'innovation (GII) établi depuis 2007 par l'école de management INSEAD reviennent traditionnellement aux pays européens – la Suisse, le Royaume-Uni et la Suède, écrit mercredi le quotidien Novye Izvestia.
Mais cette 7e version du GII révèle la percée inégalée des pays d'Afrique subsaharienne par rapport à d'autres régions du monde. Dans la liste des pays qui ont le plus progressé dans ce classement, on retrouve le Kenya, le Mozambique, le Rwanda, le Malawi, la Gambie, le Burkina Faso et l'île Maurice.
La hausse de la consommation en Afrique subsaharienne donne aux Africains l'espoir d'un avenir prospère, similaire à l'envolée des "tigres" asiatiques dans la seconde moitié du XXe siècle. Les grandes entreprises ne se concentrent plus sur les ressources minières du Continent noir mais sur l'armée de main d'œuvre et d'acheteurs africains, qui connaît une croissance fulgurante.
La Banque africaine de développement (BAD) prédit dans son dernier rapport annuel une augmentation des investissements étrangers sur le continent jusqu'à 80 milliards de dollars: un record. Sachant que la majeure partie de cet argent sera allouée au secteur industriel et non à l'exploitation des matières premières comme c'était le cas auparavant.
L'économie africaine est en croissance, mais cette dernière est très inégalement répartie entre les pays. En dépit d'une situation intérieure extrêmement instable, le Nigéria a doublé l'Afrique du Sud pour devenir la première économie africaine. Sur les 25 principales marques du continent, toutes se trouvent au Nigéria ou en Afrique du Sud, à l'exception de la société kényane Safaricom.
Ce développement inégal est perceptible aux quatre coins de l'Afrique. Des millions d'Africains vivent encore dans une pauvreté extrême. Les violences qui éclatent en Centrafrique, au Soudan du Sud ou dans d'autres pays africains sont également préoccupantes. Elles pourraient pousser à prédire à l'Afrique un avenir sinistre - celui de rester une annexe de matières premières de pays plus développés. Mais beaucoup de choses ont changé. La part de la classe moyenne augmente très rapidement sur le continent. Des restaurants, des boutiques, des clubs de nuit et des supermarchés poussent comme des champignons dans les grandes villes. D'autre part, la population d'Afrique augmente aussi rapidement que la classe moyenne. Ainsi, le nombre de personnes démunies diminue bien moins vite qu'on pourrait le souhaiter.
Néanmoins, ces changements apparents ont un effet favorable sur l'attitude des marchés financiers envers l'Afrique. En dépit d'une série d'attentats au Kenya, le ministère des Finances du pays a récemment vendu sans problème particulier des obligations pour 2 milliards de dollars. Plus tôt, la Zambie avait vendu des obligations pour 1 milliard de dollars.
Les exportations d'Afrique noire ont augmenté de 68 milliards de dollars en 1995 jusqu'à plus de 400 milliards en 2012. Les exportations de ressources minières représentent près de 300 milliards de dollars mais contrairement à une époque antérieure, une grande part de la croissance - qui augmente rapidement et constamment - concerne d'autres secteurs industriels.
Au regard de ces changements rapides, l'Afrique et les innovations ne sont plus des notions incompatibles, comme ce fut le cas il y a 20 ou 30 ans. "De nombreux pays d'Afrique subsaharienne réalisent des innovations grâce à divers programmes et initiatives", explique le rapport de l'INSEAD. Sur les 33 pays d'Afrique étudiés par les auteurs du rapport, 17 montrent une progression significative en matière d'innovation. Le record sur le continent a été établi par la Côte d'Ivoire, qui a amélioré ses positions dans le classement de 20 points. Maurice a gagné 13 places pour atteindre la 40e place – première parmi les pays d'Afrique. La Russie est en 49e position.
