A la différence de l’Europe occidentale où se sont déroulées les principales batailles de la guerre et où il existe des dizaines de cimetières militaires, la guerre n’a laissé un tel souvenir dans aucun pays africain qu’elle a affecté. Cependant, près de deux millions d’Africains : soldats et personnel auxiliaire ont été entraînés par les Européens dans cette guerre tant en Europe qu’en Afrique. 450 mille Africains des colonies de la métropole ont combattu ne fut-ce que dans l’armée française. Plus de 200 mille Tirailleurs sénégalais des pays d’Afrique de l’Ouest française ont participé aux opérations armées en France, en Belgique, dans les Balkans, sur les territoires palestiniens. Au moins 30 mille d’entre eux ont péri en combattant contre les troupes allemandes, austro-hongroises, bulgares et turques.
La Première guerre mondiale a commencé en Europe le 1er août 1914 et en Afrique – une semaine plus tard. Les troupes britanniques de la Côte d’or (aujourd’hui le Ghana) et les unités françaises du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) ont engagé les opérations armées au Togo qui était à l’époque colonie allemande. Les Allemands y ont aménagé un centre radio géant pour assurer la liaison de Berlin avec toutes ses autres colonies en Afrique du Sud et de l’Est. C’est au Togo qu’a été remportée la première victoire sur l’Allemagne : les hitlériens se sont rendus le 27 août aux Français et aux Britanniques. Les troupes britanniques et franco-belges ont contraint fin septembre avec la participation des unités des autochtones du Congo belge Douala, capitale camerounaise, à capituler. L’Allemagne a réussi à maintenir le plus longtemps : à peu près jusqu’à l’automne 1918 sous son contrôle Tanganyika (aujourd’hui la Tanzanie et le Burundi). Berlin a un plan grandiose d’aménagement d’un chemin de fer entre et le Cameroun dans l’Ouest du continent pour se doter de l’accès aux ressources naturelles richissimes du Congo belge. Le rédacteur en chef de la revue Magazine Ngambo Na Ngambo de la diaspora africaine dans l’UE Lilo Miango poursuit dans une interview accordée par téléphone de Paris à notre correspondant le récit sur les fronts africains de la Première guerre mondiale.