La NSA américaine est connue pour avoir fait main basse sur toutes les informations d’actualité. L’agence US a été pour une fois montrée du doigt par des journalistes allemands. Pendant que l’opinion demandait une enquête détaillée, la chancelière allemande Angela Merkel mise à son tour sur écoute, a préféré escamoter le scandale.
La mise sur écoute du téléphone de Merkel elle-même qui avait récemment fait un bruyant scandale a montré que l’Allemagne n’a pas fini de payer la note du soutien accordé par les États-Unis dans l’après-guerre. Le malentendu était de courte durée et s’est définitivement dissipé après le coup de fil du président américain.
"Les États-Unis veulent tenir leurs partenaires en laisse mais il faut bien comprendre qu’ils n’ont qu’un partenaire véritablement stratégique en Europe: la Grande Bretagne. Les Polonais, les Suédois et les pays baltes ne doivent nourrir aucune illusion à ce sujet. Ce n’est pas un hasard si la Grande-Bretagne fait partie des 5 pays, avec les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande, qui sont exclus du programme d'écoutes Cela signifie que ces pays ne mettent pas sur écoute leurs leaders et citoyens du rang en vertu d'un accord conclu il y quelques années. Les États-Unis se désintéressent depuis longtemps de leurs partenaires en Europe, en Amérique Latine et en Asie et cherchent surtout à s’assurer leur avenir et leur hégémonie dans le monde", explique Alexandre Goussev, directeur de l’Institut de planification stratégique, professeur et docteur en politologie.
Dans le dernier scandale en date, Berlin avait tenté de se rebiffer mais a été immédiatement remis au pas. Il y a cependant des raisons de penser qu’un refroidissement s’est produit dans les relations germano-américaines, estime Dimitri Danilov, directeur du département de la sécurité européenne de l’Institut de l’Europe :"La situation est assez grave, l’opinion publique ne veut pas se calmer et il faut bien réagir au rapport des forces politiques en Allemagne. De plus, tous se rendent compte que l’administration Obama n’a aucun avenir devant elle. Par conséquent, on peut se montrer hardi avec elle, quitte à renouer le dialogue avec l’administration suivante. Disposant d’une marge d’un an et demi à deux ans, l’Allemagne peut évidemment miser sur l’autonomie politico-diplomatique par rapport aux États-Unis."
La politique extérieure allemande reste pour le moment inchangée mais le scandale d’espionnage finira par se manifester un jour en marquant un tournant dans l’histoire des relations germano-américaines. Après tout, c’est un fait que certains parlementaires allemands disent déjà que l’Amérique doit assumer les conséquences de ses actes et proposent même d’inviter l’ex-agent de la NSA Edward Snowden à faire des dépositions contre son ex-employeur.