En réponse, le ministre français de l’économie Michel Sapin a appelé dans son interview au Financial Times à revoir le rôle dominant du dollar dans les règlements internationaux et d’accorder la priorité à l’euro.
87% des transactions dans le monde se font actuellement en dollars US ce qui fait des structures financières des pays particuliers et des organisations entières comme l’UE les otages de la Réserve fédérale US et permet à Washington de poursuivre ses propres objectifs géostratégiques.
Comment s’étonner dès lors que les forces et les acteurs les plus influents évoquent ces derniers temps la nécessité de revoir le système monétaire international. Cette question figurait également à l’ordre du jour du sommet des BRICS qui vient de prendre fin à Fortaleza (Brésil) oz il a été décidé de créer une banque et un pool monétaire des BRICS.
L’Union Européenne qui traverse déjà une crise financière risque de se retrouver entre deux feux monétaires.
Pour gagner cette guerre, il suffit de renoncer à l’usage de dollars dans telles ou telles transactions. En effet, la domination de la monnaie américaine repose sur la balance commerciale mondiale, estime Mikhail Khazine, président de « Neocon », société russe de consulting économique :
« Le monde entier est intéressé à accéder au marché américain. C’est d’ailleurs sur cela que se fondent les sanctions américaines qui interdisent l’accès au marché national. En effet, le marché américain est le plus gros au monde et y être présent est le passage obligé pour tous ceux qui ont des ambitions de leaders. »
La situation qui s’est créée ne présage rien de bon pour l’économie européenne. Tant que les leaders européens restent divisés sur la formulation d’une politique financière et commerciale cohérence à l’intérieur de la zone euro, ils seront toujours perdants face au dollar. Cela est d’autant plus vrai que les guerres « commerciales » et « monétaires » évoluent selon leurs propres scénarios qui dépassent les gouvernements nationaux, estime Boris Kagarlitski, directeur de l’Institut de mondialisation et des mouvements sociaux :
« Les « guerres commerciales » modernes ne sont rien de moins qu’une conséquence naturelle de la crise du système dit de « libre échange ». Les libres échanges n’existent pas dans le monde contemporain. Par contre, ce qui existe, c’est la liberté pour les multinationales qui manipulent les prix et brassent les flots de marchandises. »
« Tout s’explique par l’absence de stabilité intérieure dans les limites de la zone euro », estime Sergio De Nardis, analyste de la société de consulting italienne « Nomisma ». Or, à défaut de cette stabilité, il est extêmement difficile pour l’Europe de revendiquer le changement de la balance monétaire et commerciale mondiale.