Moscou et La Havane ont "redémarré" leur coopération stratégique dans tous les secteurs, y compris militaire – indépendamment de la reprise ou non du travail du centre de guerre électronique de Lourdes à Cuba, estime Arturo Lopez-Levy, chercheur à l'université de Denver et spécialiste des relations américano-cubaines.
"Ce n'est pas l'ouverture ou non du centre de Lourdes, qui abrite actuellement l'université des technologies d'information, qui est importante. L'importance, c'est le redémarrage de la coopération stratégique russo-cubaine qui couvre tous les domaines – la politique, l'économie, la culture, l'éducation et le domaine de la défense, bien sûr", a déclaré Arturo Lopez-Levy dans une interview accordée à RIA Novosti par téléphone. "Cette coopération se distingue par une compréhension mutuelle", a-t-il ajouté.
Selon lui, c'est les milieux militaires de Moscou et de La Havane qui sont les initiateurs de ce redémarrage. "Cuba n'est plus un sommet isolé dans le triangle Cuba-USA-Russie – il a des relations d'allié avec la Russie", a souligné l'expert.
Arturo Lopez-Levy a noté que Cuba avait besoin de la Russie car il était nécessaire pour
La Havane d'équilibrer ses relations complexes et asymétriques avec Washington.
"Les USA n'ont pas profité de l'occasion pour trouver un terrain d'entente avec Cuba et dans les années à venir les relations entre Washington et La Havane ne seront pas simples", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, l'expert a souligné que la coopération russo-cubaine dans le secteur militaire évoluerait dans un cadre clairement défini sans dépasser certaines limites. Selon lui, l'installation d'armements pouvant être considérés comme offensifs ou susceptibles d'aggraver les relations américano-cubaines est très improbable. "Ni Cuba, ni la Russie n'oserait le faire", a-t-il déclaré.
Cuba a changé
En parlant du redémarrage des liens russo-cubains, Lopez-Levy a souligné que la nouvelle coopération entre Moscou et La Havane évoluerait sur des bases quelque peu différentes par rapport à l'époque de l'URSS. "Cuba a déjà acquis une expérience de "divorce après le mariage" avec l'URSS et cette fois adopte une approche prudente de cette collaboration", a déclaré l'expert.
"Il s'agira de relations stratégiques, de relations basées sur l'entente mutuelle, intègres, à long termes mais prudentes – des deux côtés", a poursuivi l'expert.
A l'époque de l'Union soviétique, Cuba était un maillon entre Moscou et le "tiers monde", et cela avait un bénéfice mutuel.
"Ainsi, lorsque Cuba construisait ses relations avec d'autres pays d'Amérique Latine et d'Afrique, il savait que Moscou le soutenait", a-t-il expliqué.
"Quant à Moscou, ses relations avec La Havane étaient un exemple à montrer par l'URSS à d'autres pays avec lesquels elle souhaitait construire des relations", a déclaré l'expert.
D'après Arturo Lopez-Levy, le redémarrage des relations russo-cubaines n'est pas le résultat de la conjoncture immédiate, mais du travail des deux côtés depuis une décennie.
"Tout a commencé par la visite de Poutine à Cuba en 2001. A l'époque la Russie voulait redémarrer les relations, de même pour Cuba, mais cela ne s'est pas produit car il y avait trop de douleur et de suspicion des deux côtés", a déclaré l'expert.
"Mais durant la décennie qui a suivi, les parties ont travaillé sur l'établissement des relations d'un nouveau type, et ce qui se passe aujourd'hui est le résultat de ce travail", a-t-il expliqué.
On aperçoit déjà les fruits de ces relations sur l'arène internationale, estime Arturo Lopez-Levy. La vitesse avec laquelle le Venezuela et la Russie ont établi de bonnes relations est précisément le résultat de la médiation cubaine, a-t-il affirmé.
"Le président nicaraguayen Daniel Ortega ne pouvait pas le faire. C'est Fidel et Raul qui l'ont fait", a poursuivi Lopez-Levy. "De plus, qui a soumis à l'ordre du jour de la réunion BRICS-Celac (Communauté d'États latino-américains et des Caraïbes) la question portant sur les relations avec Moscou? C'est bien Cuba", a conclu l'expert.