Les BRICS lancent leurs institutions et veulent que ça se sache

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Le 6e sommet des présidents du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud (groupe des BRICS) s'ouvre aujourd'hui à Fortaleza, au Brésil, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Le 6e sommet des présidents du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud (groupe des BRICS) s'ouvre aujourd'hui à Fortaleza, au Brésil, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Ses participants veulent annoncer la création des premières institutions communes de cette union jusqu'ici informelle: la Nouvelle banque de développement (NBD) avec un capital de départ de 50 milliards de dollars; et un pool de réserves de change à hauteur de 100 milliards de dollars. Le président russe Vladimir Poutine proposera aux dirigeants des BRICS de se pencher également sur la création d'une "association énergétique" pour se protéger des variations des tarifs des hydrocarbures sur les marchés mondiaux, ainsi que d'un fonds d'infrastructure commun.

La signature des accords sur le lancement de la NBD – dont le siège serait installé à Shanghai - et de ce qu'on appelle le "pool de réserves de change" sera l'évènement central du sommet. L'idée de constituer ces premières structures officielles a été soulevée à la réunion des BRICS au G20 de 2012 à Los Cabos, au Mexique. Ces deux institutions sont pensées comme une alternative, au sein des BRICS, à la Banque mondiale qui accorde des crédits préférentiels pour des projets à long terme (son capital est estimé à 223 milliards de dollars), ainsi qu'au Fonds monétaire international (FMI) qui crédite les gouvernements en cas d'incapacité à couvrir leur déficit courant (environ 360 milliards de dollars sans tenir compte de la dernière révision des quotas). Selon le ministre russe des Finances Anton Silouanov, le plafond de la NBD sera inférieur – jusqu'à 100 milliards de dollars. Sachant que pour l'instant les cinq pays investiront 2 milliards de dollars chacun et encore 8 milliards de dollars supplémentaires sous forme de garanties. D'autres pays pourraient y participer mais la part totale des BRICS dans le capital ne devra pas être inférieure à 55%. La banque s'occupera principalement des projets d'infrastructure.

Quant au pool de réserves de change, sur les 100 milliards de dollars la Russie versera 18 milliards de dollars – elle pourra emprunter la même somme en cas de fortes fluctuations du rouble ou de manque de liquidité en dollars.

Ne se limitant pas aux institutions financières, Vladimir Poutine a l'intention de proposer aux participants au sommet d'instaurer une "association énergétique" des BRICS, dans le cadre de laquelle seraient créées une banque de réserves d'hydrocarbures et une institution énergétique. Cette dernière fournirait aux participants une analyse des marchés énergétiques. Rappelons qu'une structure similaire existe auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

De facto, les BRICS sont actuellement une alliance où chaque membre a des chances accrues de promouvoir ses intérêts nationaux dans l'ordre du jour commun, recevant un soutien passif de la part des partenaires peu intéressés en échange d'un soutien passif de leurs propres intérêts. Mais les problèmes communs restent la force motrice des BRICS, notamment la réforme du FMI.

Pourtant, les chances sont faibles que les initiatives des BRICS soient rapidement réunies dans un système commun permanent de coordination des économies des cinq pays. Depuis 50 ans, on crée des "alternatives au FMI" avec une régularité surprenante, y compris avec l'approbation du FMI lui-même (qui approuve aussi la création du pool des BRICS), sans aucune conséquence politique.

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