La Voix de la Russie. Comment votre mouvement le RIF vit-il l’actualité après les élections à Bruxelles ? Continuez-vous à exister ?
Alain Bournazel. Bien sûr que nous continuons à exister ! Pour faire court, le Rassemblement que je préside est un mouvement d’inspiration gaulliste c’est-à-dire qu’il est très attaché à l’indépendance de la France et à la Grande Europe. Ce sont deux piliers qui nous sont extrêmement chers. Après les élections, L’Europe telle qu’elle se construit à partir de Bruxelles est tout à fait étrangères à nos préoccupations puisque nous avons : 1. Une Europe de type fédéral dont nous ne voulons pas parce que nous voulons une Europe des nations, et 2. U ne Europe qui est totalement inféodée aux Etats-Unis d’Amérique. Nous n’avons plus d’indépendance telle que l’avait préconisée le général De Gaulle, mais nous jouons plutôt le rôle de la bonne à tout faire du gouvernement américain !
Vous comprendrez que nous ne pouvons pas du tout partager ces idéaux qui ne sont pas les nôtres. Nous continuons par un travail qui est assez difficile notre travail d’information, de mise en garde… Vous-même par l’expérience que vous aviez eue, vous savez que les régimes peuvent changer : l’URSS s’est effondrée d’un seul coup… Et nous avons maintenant le régime que nous connaissons aujourd’hui. Nous pensons qu’il peut en aller de même pour la construction européenne, mais l’étape actuelle peut être considérée comme totalement néfaste.
VDLR. Et que pensez-vous de la Nouvelle Commission Européenne ?
Alain Bournazel. S’il y a de la différence par rapport à l’ancienne, elle serait plutôt du domaine de l’impalpable. Avec la Commission de Bruxelles, nous sommes sur une Europe supranationale dans laquelle les nations n’interviennent pratiquement pas ! Ce sont deux concepts que nous refusons catégoriquement ! Nous n’acceptons pas la supranationalité tout comme nous n’acceptons pas que l’Europe soit soumise à la dictature des fonctionnaires européens. En quelque sorte – pour être plus clair ! – il n’y a rien de bon dans la construction européenne. Peut-être y a-t-il quelques coopérations techniques ?! Nous ne les rejetons pas ! Mais en ce qui concerne le système politique, cette Europe-là doit disparaître comme la Russie soviétique a disparu. Et ce sont des constructions beaucoup plus proches l’une de l’autre qu’on peut penser, car c’est dans les deux cas ce que ce fut pour la Russie Soviétique que l’Europe de Bruxelles – ce sont des gouvernements des fonctionnaires qui ignorent tout à fait les inspirations des populations.
VDLR. Que pensez-vous de la politique européenne à l’égard du dossier ukrainien ? Il y a une guerre civile là-bas… Bruxelles a-t-il bien choisi son camp ?
Alain Bournazel. Là, je crois, les choses sont claires ! Bruxelles n’a aucune compétence pour conduire une politique étrangère. Donc que Bruxelles intervienne dans la question ukrainienne ne fait pas du tout partie des traités fondateurs de l’UE ! Nous avons là une usurpation totale de pouvoir que nous ne pouvons que dénoncer.
Maintenant si on regarde les objectifs, ils apparaissent très clairement : nous sommes sur une volonté de reconstitution d’une Europe de la Guerre Froide ! Il y aura là un bloc occidental qui serait opposé à un bloc oriental… Bref, un schéma dans lequel on a vécu pendant de nombreuses années. Mais c’est précisément ce schéma-là que le Général De Gaulle refusait catégoriquement !
Je ne reconnais à Bruxelles aucune compétence pour intervenir sur les questions de l’Ukraine. Surtout qu’en l’occurrence, l’Europe n’est jamais autre chose qu’un serviteur zélé et obéissant des Etats-Unis d’Amérique. Nous sommes en présence d’une Europe dominée. Les Etats-Unis utilisent comme leur valet de pied les services de l’UE !
Donc pour nous et pour moi, en particulier, il n’y a aucun compromis à faire avec ce type de personnages. Nous pensons que le dossier ukrainien doit être traité par l’Ukraine elle-même et la Russie sans a priori de la meilleure façon possible. Et que le meilleur service que l’UE peut rendre aussi bien à l’Ukraine aussi bien qu’à la Russie, c’est surtout de ne pas se mêler de cette affaire qu’elle ne connaît pas et qui ne la regarde pas !
Commentaire de l’Auteur. La Bretagne se serait révoltée contre Paris. Et pendant que les Bonnets Rouges dressent leurs barricades à Nantes faisant face aux blindés de Valls qui avancent le long de La Loire, les instructeurs russes commencent à débarquer en Bretagne suivis des livraisons d’armes automatiques – des kalachnikovs, des lance-grenades, et autres équipements militaires et paramilitaires… Les redoutables Soukhoi-35 russes apparaissent sur les marches de l’espace aérien européen et les SNLE secondés par les SNA de Mourmansk quadrillent les eaux territoriales françaises déclarant qu’ils sont en manœuvres pour soutenir la jeune démocratie celtique contre la tyrannie parisienne qui écrasa la nation bretonne au seizième siècle. Et quand les journalistes français posent des questions à l’Ambassadeur de Russie sur le bien-fondé de cette agression, il se tient au seuil de l’hôtel particulier rue de Grenelle et d’un air hautain, répond que la Russie n’a des comptes à rendre à personne quand elle défend les droits de l’homme bafoués par les oligarchies occidentales. A son tour, l’Occitanie commence à gronder et les Russes se félicitent de ce mistral de liberté qui souffle sur le Vieux-Continent. Le Gazprom profite de l’occasion pour faire renoncer aux Français à d’autres ressources d’approvisionnement en gaz naturel que la Russie. Qui plus est, Le Kremlin prévient Valls que si jamais il y a un seul Breton de tué par les armes françaises Paris verra sa facture de gaz tripler au nom des sanctions économiques. Toute la CEI acclame la Russie défenderesse d’une nouvelle Europe des nations…
Non, je ne divague pas et je ne fume pas le cannabis. Mais en votre for intérieur, pensez un peu à ce qu’éprouvent les Russes à observer l’arrogance avec laquelle les Occidentaux fourbissent leurs armes au sein même du sanctuaire national slave, à un millier de kilomètres à peine de Moscou. Et la mémoire des divisions SS « Charlemagne » et « Azul » qui, en 1941, combattirent ensemble avec la Wermacht à côté de Moscou n’arrange rien. Alors est-ce que le gaz de schiste ukrainien en vaut vraiment la peine ?
