Nigeria : l’extrémisme islamique comme facteur de détonation

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Le Nord pauvre du Nigeria est un monde islamique, son Sud pétrogazier est chrétien. Ces deux mondes sont divisés par la foi et l'argent, les deux motivations les plus fortes du monde contemporain.

En outre, les choses sont envenimées par l'inaction du gouvernement, les influences extérieures et les exactions des criminels et des extrémistes. Ce mélange explosif africain va-t-il détoner ?

Une moitié de la population nigériane est musulmane. Douze Etats du nord professent un islam conservateur. Les préceptes du Coran y sont à la base de l'organisation sociale bien qu'ils soient souvent contraires à la Constitution. La situation est aggravée par des problèmes économiques et sociaux. Les gens s'en prennent aux autorités, lesquelles, pour leur part, ne contrôlent pas la situation au Nigeria. De nombreux opposants au pouvoir se joignent aux extrémistes. Le groupe islamiste nigérian le plus connu est Boko Haram, organisation considérée comme terroriste par l'ONU. Cependant au Nigeria, Boko Haram trouve aisément des partisans idéologiques. Anatoli Savateev du Centre des études régionales et des civilisations de l'Institut d'Afrique explique :

« Boko Haram recrute des partisans parmi les couches pauvres de la population, peut-être même contre rétribution. Un certain rôle a été joué par des forces extérieures, notamment par l'Arabie saoudite. Il y a les gens qui croient sincèrement à la nécessité d'instaurer, au moins sur le territoire du Nigeria du Nord, les lois de la charia ».

Le groupe Boko Haram a fait parler de lui en 2002, son but est le pouvoir de la charia dans le pays. En été 2009 ses combattants ont pris pour cible les églises chrétiennes dans le Nord du pays : des kamikazes en ont fait exploser trois. Des milliers de personnes ont été tuées dans des heurts avec la police. Au printemps 2014, ils ont enlevé 270 écolières et ont perpétré un double attentat terroriste ayant causé la mort de 160 personnes.

Nikolaï Chtcherbakov du Centre des études africaines de l'Institut d'histoire universelle fait remarquer que Boko Haram gagne en vigueur :

« Boko Haram existe depuis longtemps, mais maintenant il prend le devant de la scène, notamment parce que nombre de vieux problèmes restent en suspens. Dans son activité le groupe recourt à l'intimidation primitive. Les enlèvements et les meurtres vont de pair avec les tentatives pour s'affirmer au sein de la société en tant qu'organisation connaissant les réponses à toutes les questions et donnant l'espoir d'un avenir meilleur ».

Les experts n'excluent pas que le groupe soit financé par des pays étrangers. Le Nigeria est un pays riche en ressources. Il possède les troisièmes réserves d'hydrocarbures du continent. L'escalade du terrorisme profite aux pays musulmans riches comme le Qatar et Oman.

Selon les experts, une faible réaction des autorités nigérianes à l'activité de Boko Haram est une des raisons de ses succès. La situation est aggravée par les relations tendues entre le Sud riche et le Nord pauvre. Si le pouvoir ne prend pas des mesures urgentes, Boko Haram aura un soutien si large qu'il pourra parvenir à son but : éradiquer au Nigeria tout ce qui est laïc et obliger tout le monde à vivre selon les principes de la charia. Cela, bien que les actes terroristes menés par cette secte aient déjà coûté la vie à des milliers de Nigerians. /N

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