Les dimensions de l’île permettront d’implanter dans cette région lointaine de la mer de Chine du Sud un complexe militaire performant avec un aérodrome et d’autres infrastructures incluant un quai pour des bateaux déplaçant jusqu’à 5 000 tonnes. Cela représente des dépenses très importantes. Ainsi, le coût de la construction d’une base militaire d’environ 5 km² sur Fiery Cross, avec un aérodrome et d’autres installations, serait comparable à celui de la construction d’un porte-avions nucléaire (5 milliards de dollars) et exigerait 10 années d’efforts.
Les résultats promettent cependant d’être impressionnants. La Chine disposera, loin de ses côtes, d’une base fixe efficace pour son aviation et pour des navires de guerre légers. Cette base comprendra non seulement une piste d’envol pour les avions de chasse mais également une infrastructure complète pour accueillir et entretenir des avions de combat et de soutien, et les armements correspondants. Ses dimensions permettront d’implanter des moyens importants pour la défense des forces qui y seront stationnées, par exemple des batteries antiaériennes dotées de missiles à longue portée (le HQ-9 ou même le C-400), mais également des missiles antinavires YJ-62 et d’autres systèmes de missiles encore plus puissants. On pourra également y déployer un escadron d’hélicoptères de transport, des embarcations amphibies à grande vitesse et des aéroglisseurs, ce qui donnera à la Chine d’immenses avantages dans le conflit concernant les îles environnantes.
Les Philippines ont des prétentions sur le récif de Fiery Cross et il est probable que ce projet de base militaire suscitera des réactions internationales négatives. Cependant en raison de leur très grande faiblesse militaire, les Philippines ne pourront pas prendre des mesures de rétorsion dans ce domaine. Les Etats-Unis seront certainement préoccupés par le potentiel croissant des forces chinoises dans cette région. Quoi qu’il en soit, ils ont déjà entrepris d’intensifier leur présence militaire en Asie orientale, indépendamment des plans chinois de renforcement sur les îles, et cet effort sera de toutes façons poursuivi.
Les actions chinoises ne manqueront pas de susciter de la part d’autres prétendants, en particulier du Vietnam, des tentatives de s’implanter ou de renforcer leur présence dans les îles contestées de la mer de Chine du Sud. Mais ici la Chine aura un grand avantage. Elle possède une industrie de construction de haut niveau, capable de réaliser des projets complexes, et les ressources dont elle dispose dépassent de beaucoup celles de tous les autres concurrents réunis.
Même si la création d’une île artificielle dans une zone contestée peut entraîner à court terme de sérieuses complications diplomatiques, ce projet semble stratégiquement avantageux pour la Chine. /N
