Officiellement, l'ancien chef d’Etat français Nicolas Sarkozy est accusé de « trafic d'influence ». Selon la version des juges d’instruction, il faisait pression sur la cour afin d’obtenir des informations sur « l'affaire Betancourt », dans laquelle l'ex-président était impliqué. En échange, il a promis au juge, dit-on, un important poste à Monaco.
Pour la première fois dans l’histoire moderne de la France, une personne aussi haut placée non seulement est interpelée, mais doit répondre pendant 15 heures aux questions des policiers. Cela prouve que la loi est unique pour tous, dit le défenseur des droits de l'homme, la personnalité publique et le journaliste Marek Halter :
« C'est un choc et c'est une nouvelle. Il arrive pour la première fois dans notre histoire qu’on arrête un ex- président de France. D'une part, c'est bien, cela montre que nous vivons dans un pays démocratique et que notre système juridique est le même pour les riches et pour les pauvres, pour les gens aux pouvoir et pour ceux qui sont loin du pouvoir. C’est le premier point. Et voilà le deuxième. Les Français demandent : Pourquoi ? Je comprends Sarkozy, il était un grand ambitieux, et il cherchait de l'argent non-officiellement. Ici, commence le problème. »
On lie souvent les nouvelles accusations adressées à Sarkozy avec son intention de revenir dans la grande politique. Auparavant, il avait déclaré qu’il voulait briguer la présidence aux prochaines élections de 2017. Et les experts sont d’accord sur le fait que dans la future course au poste supérieur dans la cinquième République, Sarkozy a toutes les chances de victoire.
De plus, il est tout à fait possible que l'arrestation récente puisse apporter des points à l'accusé et qu’il s’agisse d’une manœuvre tactique de l'ex-président, trouve le représentant du barreau de l'Union européenne en Russie Alexandre Trechtchev :
« Probablement, c’est un jeu fin et perfide, où sa condamnation n'est pas du tout la tâche principale. Il est possible que ce soit fait pour attirer l'attention. Regardez, la presse écrit qu'il est accusé de corruption, de tous les maux. Mais en réalité, il est accusé seulement d’avoir reçu quelque information pour quelque affaire. À proprement parler, je ne connais aucun chef, Premier ministre ou président, qui manifeste une telle activité pour les affaires aussi importantes, et, franchement, je ne vois ici aucun abus. »
D’après les accusations actuelles, Sarkozy peut être condamné à 10 ans de prison et à une amende de près de 200.000 euros. Le suspect lui-même ne reconnaît pas sa faute, et trouve qu'on fait pression sur lui dans des buts politiques. Dans son interview à une chaîne de télévision et une radio françaises, l'ancien chef de la république a raconté qu'il était choqué par la campagne lancée contre lui et a exprimé l'opinion que les juges d’instruction faisaient exprès tout pour l’humilier :
« Je veux le dire à ceux qui me voient et m’entendent. Je n’ai jamais trahi personne et j’ai tâché de ne pas tromper la confiance, et je n’ai jamais commis d’actions contredisant les principes de la république ou la prééminence du droit. C'est une tentative de m’humilier et une manipulation avec la justice – tout est fait pour faire donner une image fausse de moi. »
Et dans toute cette histoire, on observe une certaine régularité : dès que Nicolas Sarkozy fait un pas vers le retour dans la grande politique, des nouveaux détails de son affaire criminelle apparaissent. D'ailleurs, les juges d'instruction reconnaissent eux-mêmes qu’il est très difficile de recueillir les preuves suivant l'article de « trafic d'influence ». Et le procès peut se prolonger longtemps. Quel que soit le résultat pour Sarkozy, le siège présidentiel ou la prison, dans tous les cas, l'attention autour de sa personne sera garantie. /N