Savez-vous pourquoi les Russes ont été si friands des Mistrals mis en chantier à Saint-Nazaire ? Mais tout simplement parce que la France a de la cervelle et vend ses produits intellectuels y compris dans le domaine de l’informatique. Imaginez les chaînes de distribution des grands espaces dotées d’intellect artificiel. Vous aurez tout compris, car de nos jours la matière grise prime de plus en plus sur la force brute de production.
La Russie, avec son plus grand territoire au monde, ne peut que fonctionner en flux tendus des marchandises à livrer. Allez sur les routes russes pour observer des files interminables des camions transcontinentaux transportant des produits de tous les horizons. Pour pouvoir gérer le trafic et la distribution, vous avez besoin d’un progiciel qui programme les stocks, l’écoulement et le renouvellement des marchandises au dépôt. Or, ces progiciels, le groupe Générix en produit à une très grande échelle.
Son président du Directoire Jean-Charles Deconninck a accepté de nous raconter comment les sociétés françaises s’étendent à l’étranger.
Jean-Charles Deconninck. Générix Group est une entreprise d’origine française. Nous avons développé à partir de 2005-2006 une nouvelle stratégie ayant pour but de travailler, puisque cela fait quelques années que nous y travaillons à travers l’ERP, sur l’augmentation de la performance intra-entreprise sur les processus propres à l’entreprise. Nous a vons donc entamé un nouveau projet qui avait pour but d’augmenter la qualité de la chaîne des valeurs entre les sociétés c’est-à-dire comment nous allions pouvoir augmenter la valeur dans les échanges entre les différents acteurs d’une chaîne des valeurs : le secteur industriel, les donneurs d’ordres, les sous-traitants, les transporteurs, les logisticiens, les commerçants… En fait toute cette chaîne des valeurs qui aujourd’hui nécessite de plus en plus d’échanges, de gestion, de pilotage, de restitutions.
Jusqu’à maintenant l’ERP n’a recherché que l’optimisation de l’entreprise et non pas de la chaîne des valeurs de l’ensemble de ses acteurs qui concernent véritablement l’écosystème industriel ou économique d’un ensemble. Partant de ce principe-là, nous avons retravaillé l’ensemble d’une offre basée sur le concept des flux.
VDLR. Pourquoi vous être lancés da ns les affaires d’édition ? Est-ce que cela rime vraiment avec les objectifs de votre groupe ?
Jean-Charles Deconninck. Dans la période de 2005-2006, nous avons préparé et réalisé la transformation de l’entreprise et par conséquent, sommes passés à des acquisitions industrielles. Nous en avons fait trois : une d’un éditeur de logiciel dans le domaine de la gestion de la transaction client qui s’appelait CEITEL en 2006. Nous avons acquis deux entreprises qui travaillaient dans le domaine de la gestion de la dématérialisation des échanges. Puis, fin 2007- début 2008, nous avons acquis un acteur dans le domaine de gestion des flux physiques. En particulier, la partie liée à la gestion des transports, stockage, préparation. A partit de ces acquisitions, nous avons retransformé la totalité du modèle en essayant de structurer non plus l’approche sous forme d’un logiciel, mais sous forme d’un ensemble de processus que nous mettons à disposition des utilisateurs sous une forme uniquement de « Process ». Nos clients aujourd’hui n’acquièrent plus mais ne font qu’utiliser nos produits à travers les technologies web et l’internet en totalité.
VDLR. Vous vous êtes tournés du côté russe. Pourquoi cet intérêt que vous portez à la Russie ?
Jean-Charles Deconninck. Cela s’opère tout simplement dans le cadre d’un plan qui pour nous est un plan stratégique. Comme nous l’avions rapidement abordé tout à l’heure, nous avons aujourd’hui 5 filiales de par le monde. Nous sommes présents à travers les usages que nos clients font dans 30 pays au niveau mondial. Nous avons 5 filiales en propre ici, c’est-à-dire dans la région ouest-occidentale, dont France, Espagne, Portugal, Italie et Bénélux. Il y a quatre ans, nous avons défini notre stratégie de développement au niveau international sur des secteurs qui, pour nous, sont des secteurs d’avenir et des pays d’avenir. Et nous avons sélectionné à travers les études de marketing que nous avons pu mener ces années-là, 3 zones dont une se trouve au sud de l’Amérique du Sud qui est donc principalement le Brésil. Nous avons créé, il y a quatre ans, une filiale dans laquelle nous avons une quinzaine d’ingénieurs à ce jour.
Nous avons sélectionné la Russie et la Chine. Nous développons actuellement principalement ces zones fixées préalablement, c’est-à-dire l’Europe de l’Ouest et ces 3 pays.
Pour quelle raison la Russie ? Tout d’abord parce que la Russie est un pays très intéressant en termes de la croissance dans le domaine de la supply chain. Où il y a de vrais sujets à traiter en totalité dont les infrastructures et les systèmes d’information. Nos amis russes ont fait une recherche importante dans ce domaine-là pour augmenter la productivité et l’attractivité des produits et des offres qu’ils ont, soit pour la consommation interne du pays, soit demain ils pourraient devenir des pourvoyeurs des systèmes technologiques qu’ils exportent bien évidemment. Mais aussi pour pouvoir être ici un grand acteur logisticien entre l’Asie et une grande partie de l’Europe à travers entre autres les corridors qui, je pense, vont se développer dans les années qui viennent, entre autres à travers tout projet transcontinental entre l’Asie et la Russie.
Il nous a semblé que ces marchés sont excessivement intéressants. Ils le sont puisque ça fait un an que nous avons démarré nos activités. Et nous rencontrons de la part de nos clients et partenaires russes l’intérêt auquel nous nous attendions.
VDLR. Sauriez-vous nous donner une idée du nombre de clients que vous avez acquis sur le marché russe y compris grâce à l’assistance d’UBI France ?
Jean-Charles Deconninck. Nous avons démarré aujourd’hui une quinzaine de sociétés et contrats en Russie avec des entreprises soit à l’origine européennes mais de plus en plus avec des clients russes. Nous sommes en train de travailler sur des secteurs comme commerce électronique puisque nous travaillons fortement sur tout ce qui est logistique avec une croissance importante dans ces activités-là avec les grands acteurs russes.
Nous sommes en train de travailler dans des secteurs comme la distribution alimentaire et la distribution spécialisée dans le domaine du commerce, avec des grands noms russes actuellement pour les chaînes de distribution. Mais aussi dans le domaine de l’industrie soit mécanique, soit des industries de transformation, entre autres transformation alimentaire, sur lesquelles nous sommes positionnés.
Nous sommes en cours de création de notre structure russe sur Moscou qui sera complètement effective pour le quatrième trimestre de cette année, c’est-à-dire entre octobre et décembre. Et nous avons déjà procédé à des embauches en Russie des nouveaux collaborateurs pour développer nos activités sur le sol russe.
Commentaire de l’Auteur. Il va sans dire que l’étape actuelle du développement de la Russie transite forcément par l’autonomie et la souveraineté de production nationale. Le monde cesse d’être prévisible et se tourne de plus en plus vers la guerre et les privations qui en sont toujours la conséquence inéluctable. Pour éviter le déficit et sortir triomphante du conflit mondial, la Russie est déjà amenée à ériger des remparts à ses frontières et repenser les flux des marchandises sur son territoire propre et dans la coopération avec les pays de la Communauté d’Etats Indépendants. Ce changement d’attitude implique la création d’une logistique forte capable d’abreuver en produits n’importe quelle partie de cet ensemble eurasien que forme le territoire russe. Les Français avec leur apport de savoir-faire peuvent y contribuer de façon considérable. C’est ainsi que se forge ce nouveau modèle auquel réfléchit le chef de Générix Group. Quoi qu’il en soit la logistique française a de très beaux jours devant elle en Russie qui offre des opportunités à tous ceux qui veulent gagner leur vie au lieu de jouer aux va-t-en guerre.