Le système de Bretton Woods, créé en 1944, a vieilli, affirment les experts. Ayant, au siècle passé, défini les relations financières interétatiques, il ne prend actuellement pas en compte les réalités contemporaines, à savoir la multipolarité du monde. Cela signifie que le dollar restera dans le passé. Cependant, selon l’analyste Evguéni Retiunsky, il n’y a aucune nécessité pour passer à de nouvelles monnaies :
« Cette nécessité se fait jour pour l’instant au niveau politique, pour se prémunir contre les problèmes potentiels liés au dollar dans l’avenir mais aussi diminuer le monopole du dollar en tant que monnaie mondiale. Il y a pour l’instant peu de raisons économiques à cela, peut-être seulement la consolidation des nouvelles économies comme la Chine, l’Amérique du Sud, la Russie ou l’Inde.»
Maintenant, nous pouvons seulement dire qu’à partir du moment où la part américaine dans le commerce et la production mondiale va commencer à décliner, le rôle du dollar va baisser. Selon les experts, des changements dans le système financier mondial ne se produiront pas avant les 50 prochaines années. Il s’agira plutôt d’un programme à long terme de changement des monnaies, de la même façon qu’avec l’euro, suggère le professeur Alexander Abramov du Département des marchés d’investissement de l’Ecole des Hautes Etudes en sciences économiques :
« Selon l’intégration des économies, le niveau de confiance, les pays essaieront d’une certaine façon d’utiliser une monnaie universelle pour l’achat de biens et de services. Un tel scénario est pour l’instant difficile à imaginer. L’apparition de l’euro, par exemple, a mis près de 30 ans. Et à présent nous voyons qu’il est souvent en panne.»
Parallèlement, les pays utilisent déjà leurs propres devises dans des règlements communs dans le cadre de relations de confiance. Par exemple, la construction du pont sur le détroit de Kertch sera financée en roubles et en yuans. Cela est possible entre la Russie et la Chine, car les deux pays entretiennent des relations commerciales de longue durée. Face à la croissance de nouveaux centres économiques comme celle des BRICS, une question se pose : dans quelle mesure le dollar reste-t-il cet argent « roi » qu’il était autrefois ? Dans ce contexte, les économistes estiment que des perspectives s’ouvrent pour le rouble russe. Il pourrait devenir une monnaie pour les transactions internationales, a déclaré Alexander Abramov :
« L’avantage du rouble est d’être une monnaie plus ou moins stable. La Russie mène de nombreux grands projets internationaux. L’agressivité du gouvernement russe et des autorités financières a récemment augmenté dans la promotion du rouble comme monnaie internationale. Et dans un certain nombre de projets bilatéraux, les perspectives d’utilisation du rouble sont évidentes, en particulier avec la Chine, le Kazakhstan et la Biélorussie. »
Pour ce qui est des perspectives d’effondrement du dollar comme monnaie de référence mondiale, les experts citent souvent un exemple : l’année dernière, la Banque mondiale a émis ses premières obligations en yuans chinois à Hong-Kong. Les acheteurs étaient des institutions financières, des entreprises et des particuliers basés à Hong Kong. Même s’ils n’ont été tirés que pour un montant de 500 millions de yuans (76 millions de dollars), il s’agit d’une autre preuve du fait que l’économie mondiale cherche une monnaie alternative capable de remplacer le dollar américain malade. /N