La situation à Bagdad est si désespérée que les Américains renoncent de plus en plus à accorder leur aide, notamment militaire, au gouvernement irakien, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Washington a ouvertement abandonné son allié stratégique d'antan sur le champ de bataille. Au contraire, Moscou a répondu au SOS de Bagdad.
Selon une source militaro-diplomatique, l'Irak a demandé à la Russie de lui fournir des avions d'attaque Su-25 en raison du retard de livraison des chasseurs F-16 américains. Dans cette situation critique, le ministère irakien de la Défense s'est vu contraint de s'adresser à la Russie pour renforcer de toute urgence l'armée de l'air irakienne face aux terroristes.
On ignore le nombre exact de Su-25 livrés à l'Irak. Les sources irakiennes parlent de cinq appareils en pièces détachées arrivés à la fin de la semaine dernière à Bagdad à bord de l'avion de transport An-124-100 Rouslan. Ils seront assemblés et mis en service dans l'aviation d'assaut irakienne dans les jours à venir. Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch a déclaré hier à ce sujet: "La Fédération de Russie fournit des armements en Irak en conformité avec les contrats précédemment signés. A l'heure actuelle, les livraisons sont terminées".
Plus tôt, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait déclaré à la BBC qu'il était particulièrement déçu par Washington, ajoutant que l'Irak avait été induit en erreur en signant le contrat avec les USA sur la fourniture des F-16.
L'achat de 18 chasseurs F-16 avait été signé en septembre 2011 dans le cadre du programme d'assistance militaire pour les pays étrangers. Mais Washington a rangé ce contrat dans un tiroir: les stratèges de la Maison blanche sont visiblement arrivés à une conclusion décevante pour l'équipe d'Obama – la longue bataille en Irak est perdue et il ne sert plus à rien d'aider al-Maliki. Au lieu des 18 F-16, le secrétaire d'État John Kerry s'est rendu à Bagdad pour soutenir al-Maliki, mais seulement verbalement. Il s'est rapidement envolé alors que les rebelles qui approchent de Bagdad n'ont pas fui en apprenant la soudaine visite du chef de la diplomatie américaine.
Pendant ce temps, le mouvement extrémiste de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui a occupé une partie du territoire irakien et syrien, a proclamé dimanche la création d'un califat. Cette démarche, selon Reuters, est un défi directement lancé à Al-Qaïda ainsi qu'aux régimes conservateurs des pays du Golfe.
Bien sûr, Obama n'ose toujours pas reconnaître les événements sur le front irako-syrien. Néanmoins, une panique difficile à dissimuler se distingue de plus en plus dans ses interviews. Par exemple, il n'y a pas si longtemps il soutenait particulièrement les rebelles syriens qui poursuivaient un combat "juste" contre Bachar al-Assad. Il a même demandé aux congressistes américains d'allouer 500 millions de dollars supplémentaires au profit de l'opposition syrienne.
Mais il s'est soudainement ressaisi. Désormais, il est préoccupé de voir que les citoyens des pays de l'UE participant aux opérations en Syrie et en Irak s'avèrent représenter une menace à la sécurité des États-Unis, car ils peuvent y entrer sans visa. Selon d'autres informations, jusqu'à 450 citoyens britanniques ont déjà rejoint les rangs des rebelles et pourraient par la suite commettre des attentats sur le sol britannique.