Une Ukraine de Porochenko ou de Kolomoïski ?

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Les radicaux ont exigé de Piotr Porochenko de « nettoyer » le Sud-est de l’Ukraine. Des délégués du bataillon « Donbass » se sont rassemblés le 29 juin devant le siège de l’administration présidentielle et ont présenté un ultimatum : si leurs revendications ne sont pas appliquées, Porochenko subira le sort de l’ex-président Ianoukovitch.

Et ce alors que le nouveau président a déjà publiquement reconnu que le problème du Sud-est ukrainien n’a pas de solution militaire.

Les représentants des « bataillons des engagés volontaires » réclament que le cessez-le-feu soit immédiatement interrompu et que la loi martiale soit décrétée en territoire des régions de Donetsk et de Lougansk. Armer tous les soi-disant engagés volontaires a été leur autre exigence.

Les récents événements à Kiev ont une nouvelle fois démontré que Piotr Porochenko ne contrôle pas la situation dans le pays, remarque le Dr en sciences politiques Vladimir Chtol.

« Officiellement président du pays, il ne dispose pas de pouvoir réel. Les déclarations et les actions d’autres forces politiques le démontrent clairement. M. Porochenko assume la fonction qui lui est confiée – livrer la souveraineté nationale, être un exécutant docile de la volonté des patrons occidentaux. »

Le soi-disant « plan de paix » de M. Porochenko s’est avéré pas trop pacifique. Les formations armées des autorités ukrainiennes continuent de pilonner les villes de la région de Donetsk, accusant les milices de violer le cessez-le-feu. D’ailleurs, Kiev ne le cache pas : le président a pris la décision sur le cessez-le-feu sous la pression de l’Occident.

Or en Ukraine il y a d’autres prétendants au rôle de l’organisateur d’une zone tampon antirusse. Se sont les armées privées des oligarques, par exemple, du gouverneur de la région de Dniepropetrovsk Igor Kolomoïski. Celui-ci a sans doute décidé de s’approprier le Sud-est de l’Ukraine, dit le docteur ès sciences politiques Sergueï Tcherniakhovski.

« Personne n’a démenti que Kolomoïski souhaite détacher et contrôler lui-même le Sud-est ukrainien. Dans ce cas, il serait en fait le propriétaire de tout le potentiel industriel. Nous pouvons obtenir pour ainsi dire deux Etats – Ukraine de Kolomoïski et celle de Porochenko. Celui-ci ne veut pas bien entendu de renforcement de Kolomoïski. Mais il y a encore une raison pour les deux de vouloir la poursuite des hostilités dans le Sud-est du pays. C’est une façon d’exterminer les ultras de Praviy sektor. Ils vont tuer les milices, et les milices sont des engagés de Praviy sektor. »

Prolonger le cessez-le-feu et envoyer des inspecteurs de l’OSCE aux barrages sur les autoroutes, tel est le plan qui a été discuté par téléphone avec M. Porochenko par le président de Russie Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande. De l’avis des analystes, tôt ou tard, Kiev comprendra qu’on ne peut que négocier avec Donetsk et Lougansk. De toute façon, il n’y aura plus d’Ukraine unie. Les nouvelles autorités ont tout fait pour cela. /N

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