Les experts ont particulièrement relevé deux événements majeurs à savoir l’accord sur la construction de la portion autrichienne du gazoduc South Stream et la déclaration faite par l’Inde qui se dit prête à commencer les négociations sur le prolongement jusqu’à sa frontière du gazoduc qui reliera la Russie à la Chine.
South Stream viendra en Autriche. Un accord sur la construction de la portion autrichienne du gazoduc a été signé à Vienne dans le cadre de la visite du président Poutine. Signé entre Gazprom et le contracteur autrichien OMV, le contrat prévoit la création de la société mixte d’étude de projets South Stream Austria. La portion autrichienne du gazoduc sera d’environ 50 km. Comme l’a précisé le PDG de Gazprom Alexeï Miller, South Stream. Reliera Baumgarten au hub gazier de Stavropol pour exporter annuellement 81 milliards de m3 vers la fin de 2017 et réduire entièrement les risques du transit par l’Ukraine.
« South Stream livrera à l’Autriche 32 milliards de m3 de gaz. Les livraisons commenceront en janvier 2017 et monteront à leur maximum vers la fin de la même année. L’accord est juridiquement contraignant et exhaustif. »
Le PDG d’OMV Gerhard Roiss avait à son tour noté que la réalisation de la portion autrichienne du gazoduc contribuait à la sécurité énergétique de l’Europe. Il est significatif que la signature de cet accord important pour la réalisation du projet a eu lieu sur fond d’une nouvelle saute d’humeur du commissaire européen à l’énergie Günter Oettinger. Après avoir promis il y a deux semaines de soutenir personnellement South Stream, il a fait entendre la veille un son de cloche bien différent. Selon lui, il faut geler le projet en attendant qu’il soit conforme et disposition du 3e paquet énergie qui le rendra, soit dit à propos, déficitaire et irréalisable. Au demeurant, ayant signé l’accord avec l’Autriche, Gazprom s’est donné un argument de poids de plus dans les négociations avec la Commission Européenne, estime Dimitri Alexandrov, analyste du groupe d’investissement « UNIVER Capital » :
« Tous les pays transitaires ont déclaré qu’ils étaient intéressés à ce projet au service des économies nationales et de l’UE dans son ensemble. Nous avons là un bon argument de plus du moment que l’Autriche fait partie des fondateurs de l’UE. »
Si les progrès sont lents et laborieux du côté de l’Ouest, ils sont très rapides côté Est. L’Inde veut à son tour se brancher sur le gaz russe. La Nouvelle Delhi se déclare prête à commencer les négociations avec le Moscou sur le prolongement du gazoduc russo-chinois jusqu’à sa frontière. Si ce projet vient à se réaliser un jour, ce sera l’une des plus longs gazoducs du monde. Au demeurant, de nombreux experts doutent de la réalité de ces plans. Premièrement, le combustible bleu peut revenir trop cher en raison des risques transitaires et, deuxièmement, cette idée peut déplaire à Pékin qui compte tirer le plus grand parti du gazoduc. Mikhaïl Krylov. Directeur du département analytique de la société United Traders estime qu’il serait plus raisonnable de livrer à l’Inde le GNL à la place du gaz acheminé par tube :
« Exporter le gaz liquéfié depuis Sakhaline est autrement intéressant pour l’Inde et suppose moins de frais pour la Russie. »
D’ailleurs, comme l’Inde achète déjà du GNL produit à Sakhaline, ce serait une bonne solution pour Moscou, la Nouvelle Delhi et Pékin.