L’installation, qui devrait être mise en service vers 2018, est la plus grande dans son domaine et promet d’apporter beaucoup à la science. On ignore pour l’instant si l’Allemagne aura un remplaçant, mais les dirigeants du projet sont persuadés que ce dernier représente un grand intérêt pour de nombreux pays.
Début juin, l'Allemagne a annoncé qu'elle cessait sa participation à la construction d’un interféromètre radio de la SKA à partir de juin 2015. Une lettre à ce sujet du ministère fédéral allemand de la science a été envoyée aux dirigeants du projet, basés au Royaume-Uni. En d’autres termes, l’un des projets les plus prometteurs de l’astrophysique terrestre moderne va perdre à partir de l’année prochaine l’un de ses dix créateurs.
L’interféromètre radio de la SKA, c’est un réseau de 250.000 antennes radio et plus de 300 radiotélescopes, qui devrait être construit en Afrique du Sud et en Australie de manière à ce que l’ensemble des systèmes puissent fonctionne comme un seul radiotélescope géant d’une superficie d’un kilomètre carré. C’est de là que le système tient son nom : Square Kilometer Array (SKA). Il s’agit d’un projet de longue haleine.
Actuellement sont mis en service des télescopes qui sont des prédécesseurs du projet SKA. Sur ces télescopes, les chercheurs vont s’entraîner à mettre en œuvre des technologies qui seront ensuite employées dans le dispositif final. Par exemple, le télescope ASKAP (Australia SKA pathfinder) a été mis en service il y a quelques jours, et plus tôt cette année, c’est un dispositif MeerKAT qui a été lancé en Afrique du Sud.
La première phase de construction du projet SKA va commencer en 2018 pour se terminer en 2023. Le système devrait apporter les premiers résultats scientifiques dès 2020. La deuxième phase du projet débutera vers 2023 pour se terminer seulement vers 2030. Et selon les concepteurs, ce n’est que le début d’une vie longue et réussie des concepteurs. Le coût total du projet est estimé à 1,5 milliards d'euros.
Aujourd'hui, le projet SKA implique 10 pays et un membre associé, l’Inde. La particularité de la participation à ce projet réside dans le fait que tous les membres de l’organisation bénéficient du droit de former une politique scientifique et de mener leurs propres observations tout en passant des commandes aux membres de leur industrie en utilisant les investissements donnés. Selon certaines sources, l'Allemagne devait prendre en charge 10 à 12% des dépenses pour la construction, alors que jusqu’à présent, les investissements de ce pays étaient plutôt médiocres, s’élevant à moins de 4 millions d'euros.
La décision du gouvernement allemand est motivée par une situation financière compliquée. Actuellement le pays est obligé de participer à la construction d’autres projets d’envergure sur son territoire, notamment le laser européen qui fonctionne avec les électrons libres XFEL, ainsi que l’accélérateur international d’antiprotons et d’ions FAIR. Les chercheurs fustigent également les fonctionnaires qui ne leur ont pas demandé leur avis. La décision, si l’on en croit les informations, aurait été prise à l’intérieur du ministère, sans discussion avec les spécialistes de l’astronomie. La sortie de se projet signifierait que les scientifiques allemands perdraient la capacité de décider de la politique scientifique du télescope radio.
Toutefois cette décision ne semble pas définitive, et personne n’exclut la possibilité du retour de l’Allemagne dans le projet SKA. Même si cela n’aura pas lieu, les responsables du projet sont persuadés que l’abandon du projet SKA par l’un de ses membres n’est pas catastrophique, surtout que le « club » est ouvert pour tous ceux qui le souhaitent et ce projet est très intéressant. Ainsi la Russie s’était vue proposer une place de membre au projet SKA. Actuellement, seulement certaines organisations russes font partie du projet. Du point de vue financier, cela signifierait une contribution à la hauteur d’un million d’euros par an. D’autres propositions seront définies plus tard.
Pour l’instant, ni les chercheurs russes, ni les représentants du ministère n’ont fait de déclarations officielles à ce sujet. Les avantages de la participation de la Russie à la SKA sont évidents, car il s’agit d’une participation à un projet international d’envergure avec un avenir scientifique très prometteur. La décision de l'Allemagne de se retirer du projet n'est toutefois pas susceptible d'être un facteur déterminant en faveur d'une décision de la Russie. Mais elle peut peser dans la balance lorsque Moscou prendra une décision. /N