Charmante et pétrie d'intelligence, Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, est une étoile montante de la politique américaine qu'on a parfois du mal à distinguer d'un show féerique de parodistes. Ses perles verbales sont immédiatement mises en ligne sur le web alors que des millions de téléspectateurs impliqués dans le processus politique attendent avec impatience les nouveaux sujets époustouflants animés par l'omniprésente Jennifer.
Tout le monde s’est déjà habitué au fait que cette dame possède une sorte de cabinet secret qui lui suggère les réponses à toutes les questions embarrassantes qui deviennent, soit dit à propos, de plus en plus nombreuses. En effet, il est aisé de confondre l’Irak avec l’Iran mais d’où cette fonctionnaire du département d’État tient-elle l’information que ce n’est pas la Russie qui approvisionne l’Europe Occidentale en gaz mais juste l’inverse? Après tout, c’est bien loin, outre-océan, et tous ces détails sont de nature à vous détraquer les méninges. Et voilà que Psaki déclare en toute candeur qu’il n’y a pas de réfugiés ukrainiens en Russie et que les dizaines de millions de personnes qui traversent la frontière entre l’Ukraine et la Russie sont de simples touristes qui viennent respirer l’air pur de montagne. En effet, la région steppique de Rostov est pour Psaki un pays de montagne où on peut faire de belles randonnées.
Elle a récemment déclaré lors d’un briefing qu’Obama « n’était pas très content de ce qu’il a fait dans le monde entier ». Il s’agissait sans doute de l’Afghanistan, l’Iran, la Syrie, ou de tous les trois à la fois. Psaki a employé le mot « carrousel » en parlant du référendum dans l’Est de l’Ukraine. Interrogée sur la signification de ce terme, elle a répondu visiblement gênée que c’était marqué comme ça sur son petit papier. Elle met en doute les cruautés commises par les militaires ukrainiens au Donbass et met tout sur le dos des miliciens. Voici un exemple de son dialogue à ce sujet avec un journaliste américain:
« En réalité, 70 séparatistes ont attaqué un entrepôt d’armes à Donetsk. Les militaires ukrainiens ont repoussé l’attaque. Par ailleurs, les autorités ukrainiennes s’efforcent de rétablir l’ordre et de lutter contre les tortures et les enlèvements. — Vos propos sont-ils confirmés par des témoins oculaires américains? – Non, c’est notre point de vue. – Sur quoi se fonde-t-il? Sur les rapports recueillis sur le terrain. – Est-ce que ces rapports viennent des sources officielles ukrainiennes? – En partie seulement parce que nous avons nos informateurs sur place. – Est-ce que cela signifie que vous véhiculez des informations invérifiées? – Nous avons des sources différentes. »
Les internautes ont même inventé les nouveaux termes comme « psaking » et « psaquer », c’est-à-dire raconter des bêtises. Jen Psakis est en réalité un drôle de personnage qui tourne au grotesque. Pourtant, si on faisait marcher l’imagination et la fantaisie, on pourrait aboutir à la conclusion que si elle n’existait pas, on aurait dû l’inventer. Après tout, égrener un chapelet d’inepties et de parodies en réponse aux questions les plus encombrantes constitue pour le département d’État une bonne façon d’éluder les réponses concrètes. Ce procédé pourrait même être qualifié de nouvelle arme secrète de Washington.
Récemment, Mme Psaki a mis en doute la mort des journalistes de VGTRK au Donbass même au su des preuves irréfutables. Voici ce qu’elle a répondu à un journaliste en évoquant ce sujet:
"Savez-vous que deux journalistes russes ont été tués?— Nous sommes au courant de cette information mais elle ne peut pas être vérifiée. Nous exprimons nos condoléances mais nous manquons de données".
Cela se passe de tout commentaire puisque la moralité n’est pas au rendez-vous. C’est plutôt la compétence qui semble poser un grand problème. Or, l’incompétence est apparemment inadmissible du moment qu’il s’agit d’une porte-parole officielle du Département d’État américain. D’ailleurs, Jen Psaki retransmet tous les stéréotypes et les incongruités qu’on emploie envers la Russie et envers tout ce qui contredit le point de vue américain. Hélas, ce procédé est de plus en plus souvent employé par les journalistes ukrainiens qui semblent avoir oublié ce que signifient l’objectivité et le devoir professionnel.
Mais là, trêve de blagues parce que la parodie tourne en drame de l’Ukraine contemporaine. Il y a peu de chances que Jen Psaki veuille se naturaliser en Ukraine dont l’économie est en train de craquer sur toutes les coutures. Elle ne saura pas non plus ce qu’éprouvent les habitants du Donbass qui se font exterminer uniquement parce qu’ils veulent vivre sur leur sol en accord avec leurs traditions séculaires. Quant à Jen Psaki, elle restera à Washington pour continuer à amuser la galerie. /N