Il y a dix ans les Américains supposaient que l’interception d’une ogive demanderait d’un à trois missiles. Leur optimisme a été entamé lorsqu’il s’est avéré qu’il en faudrait de quatre à cinq. Autrement dit, une attaque à seulement quelques ogives pourra franchir le Ground-Missile Defense (GMD), comptant à présent 30 missiles intercepteurs. Et au cas où ces quelques missiles balistiques ennemis seront équipés de cibles fausses, l’efficacité du système sera on ne peut plus faible. En somme, pour les soi-disant « pays voyous » le système américain de défense antimissile est manifestement excédentaire, tandis que pour de réels adversaires géopolitiques des Etats-Unis il ne présente pas de menace sérieuse, estime l’observateur militaire russe Viktor Litovkine.
« C’est un mythe que le système ABM américain était conçu contre la Corée du Nord et l’Iran. Ni l’un, ni l’autre Etat ne dispose pas de missiles (et n’en aura pas d’ici vingt ans) pouvant atteindre les territoires des Etats-Unis et de l’Europe. On comprend que tout ce système est développé afin d’encercler la Russie, réduire son potentiel de missiles nucléaires, ses possibilités d’une frappe réciproque ».
Créer un système de défense vraiment efficace est une tâche impossible. Bien qu’en effet le développement de ce programme donne un coup d’envoi au progrès des technologies.
Or dans le cas du GMD le progrès technologique pourrait coûter trop cher à l’humanité. Au lieu d’une coopération fructueuse dans le cadre des normes juridiques internationales universelles les Etats-Unis n’abandonnent pas leurs tentatives ambitieuses de s’assurer une domination globale. Une telle obstination conduit directement à une défaite, ce que Washington aura encore à apprendre de ses propres citoyens en colère.