Investissement dans la culture

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La SNCF n’est pas la seule a être en grève en ce moment, les travailleurs du spectacle, les artistes, les techniciens de scène, les musiciens, tous ceux qu’on rejoint sous la dénomination d’intermittents du spectacle sont actuellement aussi en grève.

La renégociation de la convention chômage qui a eu lieu le 21 et 22 mars dernier revoit les droits à l’indemnisation de ces travailleurs, qui ont déjà été réduits depuis une réforme de 2003. Claude Michel secrétaire général adjoint de la fédération CGT du spectacle nous a expliqué que l’on est en train de toucher à un système qui rééquilibre les droits des intermittents qui vivent dans des situations de plus en plus précaire et qu’en plus on risque d’appauvrir le développement culturel du pays :

Est-ce que vous pouvez resituer le problème, quel est le sujet en ce moment le sujet qui inquiète par rapport au statut d’intermittent du spectacle, qu’est ce qui s’est passé ?

On a estimé de notre coté et avec beaucoup de professionnels qui sont aujourd’hui dans les mobilisations, que l’accord qui a été négocié le 21 et 22 mars remettait en question les droits des salariés intermittents. Non seulement il ne revient pas sur la très mauvaise réforme de 2003, mais on l’aggrave encore en mettant en œuvre une période de carence, c’est à dire une période pendant laquelle les intermittents ne seront pas indemnisés, une période beaucoup plus importante qu’avant cette négociation. On demande donc au gouvernement et au ministre du travail de ne pas agréer cet accord.

Maintenant les intermittents du spectacle ont un statut particulier qui leur permet d’être indemnisés après avoir travaillé un certain nombre d’heures pendant dix mois ?

Ce que l’on appelle un statut particulier, ce n’est pas en réalité un statut, on est dans le cadre d’un régime d’assurance chômage lié à la solidarité interprofessionnelle, ça veut dire que les intermittents sont dans le système UNEDIC. Ce qui est spécifique, c’est que pour tenir compte de la nature très particulière des emplois intermittents et en particulier du caractère non permanent de leur activité et des rythmes particuliers de travail il y a des règles qui sont pour une partie spécifiques aux salariés intermittents. Par exemple depuis la réforme de 2003 on demande aux salariés intermittents d’effectuer 507 heures de travail sur dix mois pour les techniciens ou dix mois et demi pour les artistes, ce qui peut paraître comme une durée de travail pas très importante mais qui est très difficile à réunir pour les artistes. On aggrave encore la situation de précarité dans laquelle se retrouvent beaucoup de salariés intermittents, puisqu’on leur demande maintenant y compris en ayant eu des salaires très faibles ou très moyens de ne pas être indemnisés pendant cette période dite du différé qui peut prendre plusieurs semaines. Jusqu’à présent nous avons déposé des préavis de grève et c’est le cas dans plusieurs lieux surtout dans le domaine du spectacle vivant jusqu’au 30 juin, mais on se réserve le droit de prolonger la grève au-delà du 30 juin.

Dans ce statut est-ce qu’il n’y a pas un peu d’abus, parce que quand on regarde d’un point de vue de salarié normal ça paraît comme très avantageux ?

La comparaison n’est pas forcément raison dans ce domaine là. Quand les entreprises recrutent un intermittent dans un vivier d’artistes et de techniciens très important ces entreprises n’ont aucun besoin de gérer la carrière de ces salariés. Le salarié intermittent qu’il ait 25 ans ou 50 ans il est suspendu à son portable et il attend qu’on vienne le recruter et il n’a aucune garantie dans sa vie professionnelle d’avoir du travail, ni pendant l’année qui vient, ni pendant les années qui vont venir. Sans régime spécifique d’assurance chômage qui prend en compte les périodes où les salariés sont sans ressources, il y a tout le travail de préparation, de répétition, d’entretien pour le danseurs et les artistes, tout ce travail là qui n’est pas rémunéré par définition, s’il n’y a pas de relai de l’assurance chômage pendant cette période là, les salariés ne peuvent pas se professionnaliser, ils ne peuvent pas rester dans leur métier, il ne peuvent pas durer et c’est ce qui est en train de se passer depuis des années.

Ce régime est quand même spécifique à la France, comment font les mêmes intermittents dans les autres pays européens ou aux Etats Unis ? Ce sont les mêmes rythmes de vies et de carrières ?

Il y a d’autres systèmes qui existent dans d’autres pays mais c’est vrai que dans beaucoup de pays c’est extrêmement difficile pour les artistes et les techniciens de vivre de leur métier, en Europe on nous envie depuis des années. On est un pays qui est singulier en matière de ce point de vue là et l’on ne peut que se féliciter de ce système qui nous permets d’avoir des festivals, d’avoir des spectacles culturels sur tout le territoire, tout ce qui est investi pour la culture et notamment tout ce qui est investit pour les droits sociaux des professionnels ça participe à la vie économique du pays. C’est un investissement.

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