On avait découvert à l’époque que cinq millions de personnes, dont un jeune sur deux, jouaient d’un instrument de musique. Et si on essayait de faire descendre les gens dans la rue ? Vous connaissez la suite. La réussite immédiate d’une manifestation populaire et largement spontanée est déjà un fait avéré. Bien mieux, en 30 ans, la Fête s’est largement internationalisée. Chaque année, à la date symbolique du 21 juin, jour du solstice d'été, musiciens amateurs et professionnels se produisent à cette occasion dans les rues et espaces publics deplus de 100 pays et de plusieurs centaines de villes, de Shanghai à Philadelphie! En passant aussi par quelques villes russes !
En Russie, la Fête de la Musique a fait sa première en 2011 dans les villes de Saratov et de Voronej. Par la suite, après le succès des premières manifestations en régions, est née la volonté de créer une édition nationale. Celle-ci a eu lieu en 2012 grâce au soutien des autorités locales des 13 villes participantes et, évidemment des partenaires français, comme le réseau des Alliances françaises en Russie. La fête a rassemblé à l’époque huit cents musiciens. Plus de 55 000 spectateurs étaient au rendez-vous ! Un an plus tard, les chiffres étaient non moins impressionnants. Cette année c’est toujours Saratov qui semble être la ville la plus active. Devenue un événement majeur de la vie estivale de cette ville de la Volga, la Fête de la musique s’y adresse de nouveau à tous les amoureux des espaces conviviaux, des rencontres nouvelles et des musiques différentes. D’ailleurs les villes russes, avec leurs places spacieuses et leurs rues dégagées se prêtent très bien à des avalanches de sons et des fleuves de mélodies, ce qui n’est pas toujours le cas dans les cités françaises. Il manque peut être en Russie juste un peu d’initiative et d’habitude pour dialoguer librement en musique.
Et à Paris ? Il n’est pas difficile de trouver des adresses pour profiter de cette soirée festive. Par exemple on retrouvera la Fête sous La Pyramide du Louvre, où sera organisé dès 22h un concert de L’Orchestre de Paris. Après Tchaïkovski, Schumann, Mahler, Paavo Jarvi, le public pourra écouter une autre des œuvres emblématiques : Les tableaux d’une expositionde Modeste Moussorgski. Près de deux mille personnes sont attendues ce week-end dans l’écrin de la pyramide de verre.
Sur un tout autre registre, mais toujours avec la présence d’âme slave une scène russe sera ouverte devant la Librairie du Globe, boulevard Beaumarchais. Un grand concert gratuit pourra être suivi devant son entrée des 19 heures. L’événement est conçu comme une occasion de présenter la Russie contemporaine en genres musicaux divers à travers un mélange de jazz, de rock, de romances et de chansons d’auteur. Sont attendus notamment les musiciens du groupe de jazz russe Les Topolia, le légendaire musicien, ex-membre du groupe Secret, adoré sous la perestroïka, Andrei Zabloudovski, le pianiste Boris Vernov et la chanteuse Akka, ainsi que plusieurs autres personnes venus de Moscou, de France, d’Allemagne et de Belgique. Plus de 15 musiciens au total. Mais ce n’est pas tout ! Une autre fête de la musique russe et slave est annoncée à Montreuil où une programmation aux accents de l’Est attend le public dans le cadre chaleureux de l’Atelier Coriandre. Il sera possible de déguster sur place des spécialités russes. Voilà une tournure exemplaire pour une fête française adoptée par les Slaves. Ainsi la Fête manifeste-t-elle sa capacité permanente à se réinventer, ingénieuse et vivace. Il faut juste essayer et vous aurez aimé. Bref, comme on dit depuis toutes ces années, « Fête de la musique, Faites de la musique ! »