L’Association regroupe plus de 600 compagnies étrangères, essentiellement européennes, déployant leurs activités dans divers secteurs de l’économie russe. Le refroidissement dans les relations entre l’UE et la Russie dû à la crise politique en Ukraine les a rendues perplexes. D’où les doutes : que faire – rester en Russie ou suspendre le business. Le vice-ministre du développement économique Nikolaï Podgouzov, le président de l’Union russe des entrepreneurs et des industriels (patronat russe) Alexandre Chokhine, l’ex-ministre des AE Igor Ivanov qui préside actuellement le Conseil russe pour les affaires internationales auprès du président de Russie, Luc Devigne, chef du département de la Russie, de l’Ukraine, d’autres pays de la CEI et des Balkans orientaux du Directorat général de la Commission européenne pour le commerce, ont formulé leurs opinions à la conférence et répondu aux questions des délégués. La conférence a duré plus de deux heures et de ce fait, nous proposons à votre attention les extraits de leurs allocutions, écrit notre observateur Igor Yazon.
« Le partenariat économique UE-Russie était considéré au début de l’année en cours comme stratégique, a dit en ouvrant la conférence le chef récemment élu de l’Association du business européen en Russie Philippe Pegorier, directeur général pour la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie de la corporation Alsthom. Cependant, les événements en Ukraine ont menacé soudain ces relations. Plusieurs questions s’imposent : quelle attitude adoptent aujourd’hui ces partenaires, sont-ils toujours stratégiques l’un pour l’autre, comment doit se comporter le business dans ce contexte, comment peut être l’avenir des relations Russie-UE. En ce qui concerne la position de l’Association, elle demeure invariable, poursuit Philippe Pegorier. Nous nous prononçons pour maintenir et promouvoir le partenariat entre les deux communautés. La Russie est pour l’UE le troisième partenaire dans la coopération économique et l’UE est le premier partenaire pour la Russie. Ainsi, les exportations de l’UE vers la Russie constituent 132 milliards de dollars, vers l’Ukraine – 26 milliards ce qui explique nos priorités. L’Association s’oppose aux sanctions économiques à l’égard de la Russie par crainte qu’elles n’accentuent le chômage dans les pays de l’UE. Les sanctions concerneront, en outre, le business européen déployant ses activités en Russie. L’Association se prononce pour la désescalade partout : en Ukraine, à Moscou, à Bruxelles, à Washington, etc. Je pense que le nouveau président ukrainien Porochenko doit en prendre conscience et se comporter comme, disons, Nelson Mandela en Afrique du Sud en renonçant à l’emploi de la force dans le règlement de la crise dans son pays et accepter les pourparlers avec la Russie avec la participation de l’UE. Quant à l’Association, elle doit servir de pont ou de forum pour les démarches constructives dans la coopération économique dans l’espace de la grande Europe, notamment en Russie, dans l’UE et en Ukraine.
« Le sommet UE-Russie consacré à l’élaboration d’un nouvel accord de coopération a été fixé au 3 juin, a dit le vice-ministre de la coopération économique Nikolaï Podgouzov. Le forum a été ajourné à cause des événements en Ukraine mais nous espérons qu’il sera repris, nos deux communautés du business ayant besoin d’un nouvel accord. A mon avis, l’Association déploie les efforts clés dans ce domaine car le business peut et doit contraindre les politiciens à surmonter les divergences d’où qu’elles ne proviennent … »
« L’UE et la Russie sont vouées en raison des conditions géographiques, historiques, économiques et autres à une coopération fructueuse, poursuit Nikolaï Podgouzov. Les déclarations rhétoriques aux niveaux politiques élevés portent à croire qu’une telle coopération ne saurait être révisée qu’au sein des milieux du business. Elle est poursuivie au niveau des compagnies. L’UE demeure le partenaire principal de la Russie dans l’économie extérieure et le commerce, notre pays donnant la priorité aux contacts dans ces domaines. Nous coopérons étroitement dans les investissements : plus de 60% des investissements russes à l’étranger : 80 milliards de dollars reviennent pour la part de l’UE. Les compagnies européennes sont de gros investisseurs en Russie : elles placent plus de 300 milliards de dollars. Le gouvernement russe poursuit résolument la politique en vue d’assurer un climat confortable pour les investissements étrangers, y compris européens. L’objectif final de Moscou consiste à créer un espace économique eurasiatique de Lisbonne à Vladivostok. »
« Je voudrais exprimer en premier lieu ma reconnaissance à la direction de l’Association pour la coopération permanente et étroite avec les associations russes et pour nos contacts conjoints avec le gouvernement, la Douma d’Etat en vue d’améliorer le climat d’investissements en Russie, dit Alexandre Chokhine, président de l’Union russe des entrepreneurs.
« Le business russe et étranger a les tâches communes en Russie, poursuit Alexandre Chokhine. Les entrepreneurs étrangers comprennent sans doute mieux les problèmes du climat d’investissements en Russie. Beaucoup d’entre vous représentent les pays que nous considérons objectivement comme les meilleurs. En Russie ces meilleurs acquis sont implantés, à mon avis, plus efficacement que voudraient plusieurs départements. Il est très important pour la Russie de conserver la présence des compagnies étrangères à notre marché. J’espère que l’UE restera notre partenaire bien que Mme Nuland ait déclaré prenant ces derniers jours la parole en Allemagne que les Etats-Unis et l’UE coopéraient avec succès dans l’élaboration de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie dans le secteur énergétique, les finances, la défense et dans d’autres domaines. Mme Nuland a regretté que la France livre les navires « Mistral » à la Russie. Il convient d’examiner à part l’industrie de la défense. Or, si les investissements réciproques et le chiffre d’affaires du commerce sont réduits, ce ne sera pas par la faute de la Russie. Pour le moment la coopération Russie-UE n’a pas d’alternative bien que nous ayons signé récemment les contrats d’envergure avec la Chine … »
« La politique et l’économie se fusionnent aujourd’hui dans les relations UE-Russie et il est difficile de répondre à la question si notre partenariat est actuel, a dit en anglais Luc Devigne du Directorat général de la Commission européenne pour le commerce. Certes, nous aurions pu célébrer cette année le vingtenaire de l’Accord sur le partenariat, terminer le processus de signature d’un nouvel accord UE-Russie qui frayera la voie à notre partenariat économique à l’avenir n’était-ce la crise en Ukraine. Les positions de la Russie et de l’UE se distinguent foncièrement tout comme l’opinion de Bruxelles sur l’adhésion de la Crimée à la Russie ».
L’allocution de l’ex-ministre russe des AE Igor Ivanov mérite une émission à part. Notre observateur va citer sa réponse à la question d’un délégué sur les sanctions de l’Occident à l’égard de la Russie …
«Il existe plusieurs types de sanctions, répond Igor Ivanov. Les sanctions internationales adoptées sur la base de la Charte de l’ONU qui détermine leurs paramètres ou les sanctions unilatérales susmentionnées de la part des Etats-Unis et de l’UE. Chaque pays déploie ses activités en s’appuyant sur ses intérêts économiques. J’insiste : les sanctions ne contribuent à régler aucun des problèmes auxquels nous nous heurtons aujourd’hui en rapport avec la crise en Ukraine … »
Le président de l’Association du business européen Philippe Pegorier de la corporation Alsthom a accordé une interview à notre observateur :
Luc Devigne du Directorat général de la Commission pour le commerce répond aux questions d’Igor Yazon.