Entretien avec un enseignant français sur l'école et la société (Partie 2)

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François Rixe* travaille dans l'éducation nationale et nous a envoyé un long courrier sur la théorie du genre. Dans un entretien François Rixe (première partie accessible ici) nous explique son engagement d'alors dans l'enseignement, ses observations sur l'évolution du métier d'enseignant, sur le rôle de l'école, sur l'introduction de la théorie du genre et donne son point de vue sur notre société.

LVdlR : Le métier d'enseignant aujourd'hui est-il dangereux ? Des exemples ?

François Rixe : Un professeur qui tente encore de transmettre son savoir est en rapport de force permanent avec la majorité des élèves qui ne sont pas là pour le recevoir. Il n’a aucun secours à attendre de sa hiérarchie dont le mot d’ordre est « démagogie ». La presse ne peut que partiellement restituer la violence scolaire car les délits sont minimisés, couverts par le système qui considère les jeunes en souffrance, ou victimes. L’EN c’est le monde « des habits de l’empereur » !

Mais le plus grave est que l’école nuit aux enfants, donc à l’avenir de la Nation. S’opposer à la machine infernale n’est également pas une tâche facile pour les parents (convocations, menaces, suppression des allocations familiales, poursuites en justice).

LVdlR : Vous avez envoyé à la rédaction 11 pages expliquant l'existence de la théorie du genre. Alors ce n'est pas une fiction, elle est appliquée à l'école ? Comment ? Votre avis sur cette théorie ? Car vous évoquez la destruction de la cohésion sociale atteinte par application de l’idéologie totalitaire de genre et vous affirmez que les médias et M. Peillon mentent sur son existence.

F.R. : D’après le gouvernement (M. Peillon et Mme Belkacem), et les médias à leur suite, la théorie du genre n’existe pas. Pourtant ses principes figurent dans le contenu des programmes de l’EN qui, sous couvert de « lutte contre l’inégalité femmes-hommes » et « contre l’homophobie », façonnent les esprits pour détruire la différence sexuée. Prétendre le contraire est un grossier mensonge!

La théorie du genre est une revendication de féministes radicales qui se confondent avec la communauté LGBT. M. Peillon s’est rapproché de ce mouvement qui lui a fourni des éléments pour la LGBTisation des esprits et pour introduire la théorie du genre dans l’école.

- En 2010 elle fait son entrée à Sciences-Po.

- En 2011 la théorie du genre est présente dans les manuels de SVT de première S, L et ES.

- En 2012 première expérimentation de la théorie du genre en crèche.

- En 2013, un amendement est adopté en Commission des affaires culturelles incluant les conditions d’une éducation à l’égalité de genre dans le programme des écoles élémentaires afin d’empêcher la différenciation sexuée et l’intériorisation par les enfants de leur identité sexuelle. S’ensuit l’apparition de plus de 50 livres orientés gender à destination du primaire ainsi qu’un film. Des associations militantes LGBT agrémentées par l’EN interviennent dans le secondaire. Des groupes de travail LGBT, des syndicats de l’EN et une association de parents d’élèves imposent leur vue auprès du ministère de l’EN, mais aussi au Sénat et à la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, sans aucun débat contradictoire.

- A la rentrée 2013 sont expérimentés dans 10 académies les ABCD de l’égalité qui sont destinés à se généraliser. L’objectif est l’abolition de la différence et la rééducation des comportements.

- Début 2014 le Parlement européen approuve le rapport Lunacek qui prévoit les dispositions visant à lutter contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

- D’autres lois ou conventions interministérielles sont signées, elles touchent non plus l’école exclusivement, mais d’autres pans de la société (famille, travail, formation professionnelle, procréation, programmes télévisés, code civil)

On attaque des bases fondatrices de notre société, afin de créer un homme nouveau. L’Etat arrache l’élève à tous ses déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, moral et religieux, la théorie du genre niant les valeurs morales fondamentales, dont le caractère double et sexué de l’humanité.

Conséquences à plus ou moins long terme :

- Réfutation de la dimension biologique de la vie

- Orientation sexuelle clairement déconnectée de l’identité sexuelle

- Procréation radicalement désolidarisée de la sexualité

- Brouillage de l’image du couple hétérosexuel, jusqu’à le rendre anormal

- Renonciation aux tabous fondateurs des civilisations aboutissant à la normalisation de la polygamie et de l’inceste

- Extension des tentacules de l’État dans la sphère privée (famille, éducation des enfants, relations parents-enfants, congé parental père-mère…)

- Substitution de la lutte des classes par la lutte des sexes/genres, qui devient un nouvel outil de division.

LVdlR : Selon vous la liberté et l'esprit critique des européens sont réduits de manière objective. Par quels moyens ? Dans quel but ?

F.R. : Le monopole de l’éducation et du contenu des programmes scolaires, l’égalitarisme, le nivellement par le bas, la lutte contre toute manifestation de méritocratie, l’acharnement d’ « intellectuels » contre la culture, la consommation des divertissements de masse, rompent la transmission des connaissances dans les milieux favorisés, et empêchent son accès auprès des enfants issus des milieux non cultivés. On les veut incultes, ils sont incapables ou refusent de penser, paresseux, mais satisfaits de leur état ! Ce qui les condamne à une situation de dépendance vis à vis de l’État. La pérennité du pouvoir est ainsi garantie.

LVdlR : Votre avis sur l'actuel ministre de l’Éducation nationale Benoît Hamon ?

F.R. : M. Hamon nous a fait la démonstration qu’il mentait aussi bien que M. Peillon en niant l’implication du rectorat de Nantes dans la promotion de la journée de la jupe. De même, il est plus préoccupé par la généralisation de l’ABCD de l’égalité à toutes les académies, que par la résolution des problèmes d’illettrisme en sortie du primaire ou redonner au bac un vrai statut d’examen d’entrée dans l’enseignement supérieur. /N

 

* nom changé par la rédaction

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