LVdlR. Nous n’avons qu’une Terre, cette planète unique qui nous offre des vues fantastiques : des montagnes culminant à près de 8 848 m, des forêts de plus de 5 millions de km². Face à ces petites merveilles, on néglige parfois l’ampleur du désastre imminent qui menace des petites îles paradisiaques. En effet, faute d’attention de leurs plus grands voisins, certaines d’entre-elles risquent de disparaître au cours du siècle à venir. « Est-il trop tard pour enrayer ce phénomène ? » - voilà une question qui reste en suspens encore aujourd’hui alors que la Terre, insouciante, poursuit sa lente révolution autour du Soleil !
LVdlR. Dans le cadre de la Journée mondiale de l’Environnement, 2014 a été désignée l’« Année internationale des petits Etats insulaires en développement ». Aujourd’hui, ces destinations prisées pour les vacances au soleil suscitent l’intérêt de la communauté internationale en tant que zones géographiques menacées. Les raisons sont claires, dont la plus sérieuse est l’impact désastreux du changement climatique sur les petites iles à fleur de mer et les percutions négatives sur l’équilibre économique et social de ces localités. Nous avons interrogé Douglas Nakashima, spécialiste des petits Etats insulaires à l’UNESCO.
LVdlR. 2014 est désignée « Année internationales des petits Etats insulaires en développement ». D’où cet intérêt pour les petites îles ?
Douglas Nakashima. Du point de vue de l’environnement, c’est particulièrement important pour les petits Etats insulaires, car ils sont en ce moment à cause de plusieurs crises, c’est-à-dire d’un côté d’une crise de changement climatique, mais de l’autre côté des crises économiques mondiales qui font que les îles en particulier sont rendus très vulnérables à cause de ces changements qui déstabilisent leur environnement à la fois naturel, mais aussi social et culturel.
LVdlR. Et pourquoi les petites îles sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques ?
Douglas Nakashima. Il y a plusieurs facteurs, à indiquer par exemple la montée du niveau de la mer, c’est un des défis clés, un résultat du changement climatique. Pour beaucoup d’îles cette montée des eaux se traduit à la fois dans la perte de leurs territoires et menaces sur leurs côtes, mais aussi par la salinisation de leur sol, ce qui fait que pour eux il devient impossible de cultiver même dans certains cas à cause de la salinisation du sol, à cause de cette montée du niveau de la mer. Mais il y a aussi une augmentation, l’intensité, la fréquence des événements extrêmes comme des tempêtes tropicales, des cyclones, des ouragans qui menacent les îles, en particulier.
LVdlR. Comme nous l’a précisé notre interlocuteur, des petites îles sont en grand danger au niveau écologique. Antilles, Bahamas, Ile Maurice, Maldives, Seychelles et beaucoup d’autres îles seront exposées à une hausse du niveau de la mer quatre fois supérieure à la moyenne mondiale d’ici quelques années. Parallèlement au dérèglement de la pluviométrie, elles risquent de voir disparaitre leurs récifs coralliens sous l’effet de l’acidification des océans et de la hausse de la température des mers. Cela conduirait inéluctablement à une érosion des rivages, à une perte de productivité agricole et à des pénuries en eau. S’y ajoutent les événements extrêmes, tels que les inondations, les ouragans, etc. Dans cette dynamique, il faut s’interroger sur le sort réservé aux populations de ces territoires vulnérables. Si ces menaces se confirment, pourrait-on parler de « réfugiés » climatiques ? Au micro Douglas Nakashima.
LVdlR. Est-ce qu’il y a des îles qui risquent de disparaître ?
Douglas Nakashima. On peut citer les îles du Pacifique, les îles dans l’océan Indien comme les Maldives et d’autres qui sont réellement menacées par les projections scientifiques sur la montée du niveau de la mer. Ces îles doivent faire face à cet énorme défi qui pourrait faire disparaître leur territoire tout entier. Ils sont en train de discuter, dans certains cas, avec des pays voisins pour voir si c’est possible de trouver une solution dans le sens si cela arrive à ce point, de déplacer leur population dans un autre pays voisin qui aura éventuellement un territoire disponible. Ce sont des questions très graves et des défis énormes. Malheureusement, pour le moment, il n’y a pas eu assez de progrès dans l’action internationale pour limiter la menace qui est pour le moment anticipée.
LVdlR. Donc, il est impossible de sauver ces îles en danger ?
Douglas Nakashima. Non, je crois en des sortes de solutions techniques de ce genre, parce que cela seraient des travaux inter-échelle, il serait difficile de résoudre le problème de ces personnes là. Donc on peut avoir des solutions temporaires pour retarder les effets et éventuellement avoir des travaux qui pourraient essayer de protéger certaines régions des sections côtières et des dégâts causés par les inondations et ce genre de chose. Je crois qu’il n’y a pas de solutions techniques pour les grandes échelles de cette menace.
LVdlR. Le danger est bien réel pour les petites îles de la planète. Les grandes puissances mondiales doivent proposer des solutions pour venir en aide à leurs voisins plus petits, sans moyens techniques et financiers face à l’ampleur des changements climatiques consécutifs à l’intensification de l’activité humaine sur la nature. En somme nous détenons le destin des millions de gens entre nos mains, des mesures doivent être prises au niveau international, national et individuel en vue de sauver les merveilles de la nature.