Affaire Maharaj : un imbroglio juridique et mystique

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Le système judiciaire de l'Inde s’est retrouvé confronté sans doute à l’un des plus grands problèmes de son histoire. Les autorités judiciaires de l’État du Pendjab devront trouver un moyen de sortir d’une impasse scientifique et philosophique : ils devront déterminer exactement les critères d’après lesquels on peut déterminer qu’une personne qui se trouve en état de samadhi, (état de méditation profonde), est bien décédée.

La famille de Shri Ashutosh Maharaj, l’un des gourous les plus influents en Inde, a entamé une deuxième bataille juridique contre le culte de Divya Jyoti Jagrat Sansthan (la Mission de l’éveil de la lumière divine). Ashutosh Maharaj a fondé ce culte en 1983 et il a aujourd’hui des millions d’adeptes dans plusieurs pays du monde.

Selon la famille du gourou, Maharaj est mort en janvier de cette année, alors qu’il se trouvait dans un ashram (lieu de méditation retiré). Cependant, ses adeptes ont refusé de rendre le corps du gourou à sa famille qui voulait l’incinérer selon les traditions. Ils ont placé son corps dans un congélateur autour duquel une garde est assurée jour et nuit. Les membres du culte Divya Jyoti Sansthan Jagrat sont persuadés que leur gourou n’est pas mort. Il est seulement entré dans un état de méditation profonde (samadhi), mentionne la déclaration sur le site du culte datant du 28 janvier 2014.

Un des adjoints de Maharaj explique que le gourou était déjà entré en état de méditation profonde auparavant, et serait même resté des années entières dans cet état. Maharaj méditait notamment dans les montagnes de l’Himalaya, en restant déshabillé dehors sous des températures négatives. « Il reviendra à la vie dès qu'il en aura besoin, et nous garantissons la sécurité de son corps jusqu'à ce moment là »,assure l’adjoint.

Ce phénomène de samadhiest connu depuis longtemps autant en Inde qu’à l’étranger. Plusieurs cas de méditation profonde sont connus. Ainsi, le chambo lama Dashi-Dorzho Itigilov, leader spirituel des bouddhistes de Sibérie orientale, serait entré dans cet état le 15 juin 1927. Et 46 ans après, son corps ne montrait aucun signe de décomposition. En 2002, la dépouille d’Itigilov a été exhumée et transférée au temple bouddhiste Datsan d’Ivolguinsk, en Bouriatie (Sibérie Orientale), où une pièce spéciale lui était réservée. Et selon les moines, chaque matin, ils entrent en contact avec leur professeur par le biais de la méditation. Le corps du Lama a été examiné à plusieurs reprises par des chercheurs scientifiques qui ont confirmé que l'analyse chimique des particules de son corps conclut que ses tissus ont les propriétés d’un être en vie. C’est pourquoi ils ne peuvent pas déterminer s’il est mort ou s’il est encore en vie.

« Cette affaire a été examinée dans les milieux judiciaires du monde entier, et elle présente un grand intérêt pour les juristes. À mon avis, ce sont les résultats de l’expertise médicale qui devraient être à la base de tout verdict définitif », commente l’avocat Iouri Soubbotine. « Dans tous les cas, étant donné que le système juridique unifié et centralisé est en vigueur en Inde, il est fort probable que l’affaire puisse remonter jusqu’à la Cour suprême. »

L’affaire du gourou Maharaj n'est pas seulement un problème de foi ou de science. Il y a clairement un intérêt financier apparent. Les proches du gourou accusent la direction actuelle du culte Divya Jyoti Jagrat Sansthan de refuser leur restituer le corps du défunt pour des motifs égoïstes. Le fils d’Ashutosh Majaraj, Dilip Jha, affirme que la mort de son père n’est pas innocente. Il soupçonne que son père a été empoisonné par les membres de la commission, qui désirent prendre le contrôle sur son empire financier. Le culte, fondé par Maharaj, a actuellement en sa possession des dizaines de sites en Inde, mais aussi aux Etats-Unis, dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, en Australie, au Moyen-Orient et en Europe.

Malgré le fait que la police judiciaire de l’Etat de Pendjab a confirmé dès le début la mort du gourou, les fonctionnaires des tribunaux locaux ont remis en question le rapport de la police. Des milliers d'adeptes à travers le monde ont affirmé que les autorités ne peuvent pas faire croire au monde entier que Maharaj est bien mort.

Quoi qu'il en soit, le tribunal du Pendjab devra rendre un verdict dans cette affaire. Peut-être que les juges seront obligés de déterminer des critères médicaux et juridiques nouveaux, selon lesquels on peut distinguer une personne décédée d’une personne dans un état de samadhi. De toute façon, la foi et les idées nobles ne peuvent pas masquer une réalité bien présente, qui nécessite de prendre des mesures pratiques. N

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