La conférence sur la sécurité qui s'est achevée hier à Singapour devait apaiser la tension en Asie-Pacifique, écrit lundi 2 juin le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
En réalité, Tokyo et Washington en ont profité pour mobiliser un bloc antichinois rassemblant les pays impliqués dans des litiges territoriaux avec le géant asiatique. Le premier ministre japonais Shinzo Abe leur a d'abord promis son soutien le plus résolu puis le chef du Pentagone Chuck Hagel a accusé Pékin d'occuper des îles en mer de Chine méridionale, avertissant que l'Amérique ne resterait pas en retrait de ce dossier. Selon les experts, le ton de ces deux hommes politiques fait écho au renforcement des relations russo-chinoises après la visite du président russe Vladimir Poutine en Chine.
Les Etats-Unis et la Chine ont croisé le fer au forum de Singapour Dialogue de Shangri-La. Cette conférence annuelle sert d'espace pour l'échange d'opinions entre les politiciens et les militaires sur les problèmes de sécurité en Asie-Pacifique. Cette fois le chef du Pentagone Chuck Hagel a formulé des accusations d'une fermeté sans précédent à l'égard de la Chine. Il a déclaré que la Chine déstabilisait la région, "confirmant unilatéralement ses revendications en mer de Chine méridionale".
Chuck Hagel a averti que les USA restaient fidèles à leur engagement de reporter leurs efforts militaires en Asie et ne se contenteraient pas d'être un "simple observateur, alors qu'un défi a été lancé aux principes fondamentaux de l'ordre international". Déclarant que les Etats-Unis ne prenaient pas position dans ce litige, le secrétaire à la Défense a ajouté: "Nous nous opposons fermement à tout recours à l'intimidation, à la coercition, ou menace de la force pour affirmer des revendications".
Le chef du Pentagone a tenu son discours au lendemain de l'intervention du premier ministre japonais Shinzo Abe. Ce dernier a déclaré que le Japon apporterait son soutien le plus résolu aux pays de l'Asie du Sud-Est aspirant à protéger leurs mers et leur espace aérien. A en juger par son allocution, le Japon fournira des patrouilleurs aux Philippines et au Viêt Nam. Visant très visiblement la Chine, Abe a indiqué que celui qui affirmait le changement du statu quo, mettant les opposants devant une succession de faits accomplis, transgressait le droit de la mer.
Le vice-chef d'État-major de l'armée chinoise Wang Guanzhong a ensuite pris la parole pour répondre aux philippiques de Chuck Hagel et de Shinzo Abe. Selon le général, M.Hagel a lui-même au recours à l'intimidation et s'est prononcé d'une position hégémonique. Les discours de Hagel et d'Abe ont été très manifestement convenus à l'avance.
La Russie et la Chine adoptent une position commune sur beaucoup de problèmes. De l'autre côté, les Etats-Unis et le Japon évoquent leur engagement pour des valeurs démocratiques. Comme si deux blocs étaient en train de se reformer...