L'Union européenne a besoin des gazoducs de transport ukrainiens, car ni Nord Stream ni South Stream ne sont pas pour le moment en mesure de les remplacer, a déclaré vendredi le commissaire européen à l'énergie Günther Oettinger lors d'une conférence de presse à Berlin.
"Notre position concernant Nord Stream et South Stream n'a aucune importance. Ces gazoducs ne peuvent pas régler les problèmes qui ont surgi en 2014. C'est pour cela qu'au cours des prochains mois, voire des prochaines années, nous aurons besoin du système de transit ukrainien. Nous ne pourrons pas nous en passer", a indiqué M. Oettinger.
L'Union européenne a limité l'accès de Gazprom au gazoduc Opal qui relie le pipeline sous-marin Nord Stream au réseau gazier européen. La Russie et l'Allemagne cherchent à exclure Opal du "troisième paquet énergie" qui autorise Gazprom à ne remplir ce gazoduc qu'à moitié.
La Russie a en outre engagé une procédure judiciaire au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) suite à l'application par l'UE du "troisième paquet énergie".
Le Troisième paquet de libéralisation du marché de l'énergie, appelé de manière officieuse "troisième paquet énergie", comprend six actes législatifs limitant le droit des producteurs d'énergie de posséder et de gérer les réseaux de transport d'énergie. Il consacre également le principe de séparation des activités de production et de transport d'énergie. Toute compagnie étrangère qui ne respecte pas ce principe pourrait se voir interdire d'opérer sur le marché de l'UE.
Ces dispositions créent de sérieux obstacles à la construction du gazoduc sous-marin South Stream censé acheminer du gaz russe vers l'Europe en contournant l'Ukraine. Gunther Oettinger a récemment déclaré que la crise ukrainienne avait amené l'Union européenne à durcir sa position sur le projet South Stream. Selon le commissaire, l'UE a suspendu son dialogue avec Gazprom concernant ce projet suite à la position de Moscou sur les événements en Ukraine.
Selon Valeri Nesterov, analyste de Sberbank Investment Research, même en cas de mise en service du gazoduc South Stream, Gazprom ne pourra pas renoncer complètement au transit ukrainien, car Moscou et Kiev ont signé un contrat engageant la Russie à acheminer du gaz via l'Ukraine jusqu'en 2019.
