Une frontière douanière au centre de l'Ukraine?

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Le nouveau président ukrainien Petro Porochenko a promis d'établir un dialogue constructif avec les habitants du bassin houiller du Donbass, écrit mercredi 28 mai le quotidien Kommersant.

Le nouveau président ukrainien Petro Porochenko a promis d'établir un dialogue constructif avec les habitants du bassin houiller du Donbass, écrit mercredi 28 mai le quotidien Kommersant.

"Nous avons des choses à proposer: des garanties de sécurité, la protection des droits individuels - dont le droit d'utiliser la langue russe dans la région, notamment au niveau officiel - et un puissant système de décentralisation du pouvoir", a-t-il déclaré. En parallèle, le nouveau président a invité la Russie à participer au règlement de la crise ukrainienne.

De son côté, Moscou ne s'empresse pas de reconnaître Petro Porochenko comme le président légitime de l'Etat ukrainien. Cette position ambiguë du Kremlin pourrait s'expliquer en partie par le fait que certains hauts fonctionnaires, impliqués dans la prise de décisions concernant l'Ukraine, ont affiché une attitude sceptique envers l'élection du 25 mai.

L'élection présidentielle anticipée en Ukraine>>>

Le conseiller du président russe Sergueï Glaziev, par exemple, a déclaré que le vote ukrainien était la "légitimation d'un régime complètement corrompu, illégal et orienté contre la Russie". Selon lui, cette élection a également "légitimé la scission de l'Ukraine". "Etant donné que le bassin du Donbass n'a pas participé à l'élection, il ne reconnaît pas l'homme qui a été élu président. La résistance va donc se poursuivre. Kiev pensait assurer l'unité du pays grâce à l'élection mais a finalement séparé le Donbass de l'Ukraine", affirme le conseiller du président russe.

Selon ce dernier, Moscou a des propositions concrètes pour régler la crise ukrainienne, avant tout en matière de décentralisation et de résolution du litige sur le régime commercial pour l'Ukraine. D'après Sergueï Glaziev, Vladimir Poutine suggérait encore en décembre à l'Ukraine et l'UE de trouver une entente trilatérale sur la mise en place d'un régime commercial avec l'Ukraine – pour que la Russie ne perde pas, que l'Europe gagne et, surtout, que l'Ukraine en tire les bénéfices. "Dans le cadre d'un choix démocratique ce problème se règle via la fédéralisation du pays avec sa séparation en deux parties par une frontière douanière", pense-t-il.

Le conseiller du président cite à titre d'exemple le Danemark et le Groenland. "Il s'agit d'un même Etat mais le Danemark fait partie de l'UE et pas le Groenland. Théoriquement, on pourrait admettre l'existence de deux régimes commerciaux dans le cadre d'un même pays. Cette structure peut sembler quelque peu artificielle mais elle est possible. Quoi qu'il en soit, c'est mieux qu'une guerre", a-t-il souligné. Sergueï Glaziev espère qu'une "partie de l'Ukraine" adhérera à l'Union douanière, puis à l'Union économique eurasiatique.

Quant à Petro Porochenko, il espère signer prochainement un accord d'association avec l'UE dans son intégralité (la partie économique de l'accord a été signée entre Kiev et Bruxelles en mars).

Alexeï Poltorakov, expert de l'Institut de politique ukrainienne de Kiev, estime que les suggestions du conseiller du président russe frôlent "l'ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat souverain". "L'Ukraine est un Etat unitaire avec une politique étrangère, commerciale, économique et douanière cohérente. La rupture de cette conscience géoéconomique, comme le propose Glaziev, n'est pas pertinente et dangereuse pour le pays". Selon l'expert, quand les politiciens ukrainiens parlent de décentralisation, il est question d'un "scénario constructif pour le développement du pays compte tenu des intérêts et des besoins des régions, avant tout de l'est". Le terme de "fédéralisation", selon lui, est trop interprété comme une "idée destructrice lancée par Moscou".

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