Question qui ressurgit, d’ailleurs, de temps à autre, souvent comme une réaction à une telle ou telle provocation que l’on essaye de faire passer pour l’art. La plupart des réponses que L. Tolstoï a trouvées à l’époque sont toujours viables et ont aujourd’hui un fort retentissement auprès des artistes du monde entier.
L’exposition d’artistes peintres français consacrée justement à l’ouvrage de Tolstoï se tient actuellement à Moscou. On peut y découvrir les œuvres de plus de 40 membres de l’association internationale Artec Art Mondial de France! C’est tout un panorama de l’art français contemporain. Les artistes français sont convaincus que l’art est universel et n’a pas besoin d’être traduit ou expliqué parce qu’il se transmet d’un cœur à l’autre. Et c’est ça l’idée de L.Tolstoï.
Françoise Icart, présidente et fondatrice de l’association Artec Art Mondial, qui est également initiateur du projet consacré à l’ouvrage de Léon Tolstoï « Qu’est-ce que l’art ? », nous a présenté son projet lors de l’inauguration de l’exposition.
F.I. Le thème que nous souhaitions développer plus particulièrement pour la Russie, c’était celui de la découverte de l’ouvrage de Léon Tolstoï qui, pour nous les artistes, est très important dans la mesure où dans cet essai il y a une définition de l’art. D’autre part, il y a aussi une définition de tout ce qui n’est pas art et une mise en garde contre les faux arts. Je crois que c’est un livre qu’il faut découvrir, redécouvrir, diffuser parce qu’aujourd’hui il y a, en termes d’art contemporain, des gens qui propose du rien en disant que c’est quelque chose. On retrouve justement le côté prémonitoire du texte de Tolstoï parce qu’il a très bien su définir ce qui était de l’art et ce qui n’en était pas. Pour lui, si un tableau est incompréhensible, s’il n’est pas capable de parler à tous, c’est qu’il est mauvais et donc il ne fait pas partie de l’art. Tolstoï est entré dans des petits détails, dans ce qui était l’art de son époque, quelle était la bonne et la mauvaise musique, la bonne et la mauvaise poésie, l’art symboliste, l’art réaliste. Je crois qu’on n’a pas forcément toujours le même regard que lui. En revanche, aujourd’hui la chose qui est importante, c’est ce qu’il dit sur la mission de l’artiste. Elle est d’exprimer ce que tout le monde ressent et de permettre ainsi que ce ressenti universel puisse passer jusqu’à l’ensemble des hommes. C’est un travail d’humanisme que celui de l’art parce que c’est un langage universel.
LVdlR. Il faisait appel surtout aux émotions…
F.I.Tout à fait. Il pense justement qu’un artiste c’est celui qui ressent très fort les émotions qui sont celles de tous et qu’il traduit par son art. Et en les traduisant par son art, il communique, en fait, avec une majorité de gens. Quand il commence à se dire que ce qu’il fait n’est pas pour tous, que son art est réservé à ceux qui vont le comprendre, Tolstoï dit que ce n’est pas de l’art. Je trouve que c’est un texte merveilleux. En même temps que nous en parlons et nous fêtons Tolstoï ici, la même chose se passe à Paris. La Comtesse Tolstoï dédicace à Paris l’ouvrage de son beau-grand-père.
LVdlR. Vous êtes venus en Russie malgré le contexte international tendu. N’était-ce pas difficile ?
F.I.Je dirais que là on est d’accord avec Tolstoï. C’est que les artistes ont un discours qui n’a pas de frontières et que la « contagion » des émotions qui se fait au travers de l’art est pour tous. Cela n’a rien à voir avec la politique ou l’économie. Tous les hommes quelque part sont frères dans l’art.