Au sommaire :
- La patrouille des ours procède à l’opération annuelle dans le secteur russe de l’Arctique
- La dégradation du climat est le fait des voitures et des vaches
- La Russie se dote de son cerveau électronique
La patrouille des ours dans le secteur russe de l’Arctique
Quatre expéditions à la fois se sont rendues sur la côte de Tchoukotka et de Yakoutie dans la cadre du programme de protection des ours polaires inscrits dans le Livre Rouge. Des dizaines d’animaux ont pu être sauvés des balles de braconniers depuis le commencement de ce programme. Les écologistes attachent en même temps une grande importance à la sensibilisation des habitants des villages côtiers et à leur protection contre les attaques des prédateurs.
Les villages côtiers de Tchoukotka subissent souvent l’invasion des ours polaires qui sont attirés par les carcasses des morses et parfois les contacts entre les humains et les prédateurs deviennent, malheureusement, fatals pour les uns ou pour les autres. Le WWH a lancé en 2006 le projet dit « la patrouille des ours » pour prévenir ce genre de tragédies, raconte son directeur Victor Nikiforov :
« L’homme et l’ours polaire doivent vivre séparément. Si l’animal vient au village, c’est un cas exceptionnel. Par conséquent, la patrouille surveille les déplacements des ours, leurs migrations et les traces et a pour mission d’empêcher les animaux de roder à proximité des localités. Généralement, c’est à 3 km du village que la patrouille doit prévenir par tous les moyens le contact entre l’homme et l’ours et dissuader les animaux afin qu’ils changent d’itinéraire. »
La population d’ours polaire dans le monde compte actuellement environ 25 000 individus mais elle pourra être divisée par deux d’ici 2050. Cette chute s’explique par le changement climatique global, la pollution de l’environnement et le braconnage. La chasse à l’ours polaire dans le secteur russe de l’Arctique est interdite depuis 1956 mais parfois l’animal périt sous l’impact d’une balle folle tirée par un homme apeuré. Il faut donc sensibiliser la population, note Victor Nikiforov :
« Il y a eu des cas tragiques quand des humains périssaient au contact des ours ou, inversement, quand ils étaient obligés d’abattre les animaux. Toutefois, dans 99% des cas, c’était la faute des humains qui, soit provoquaient les animaux, soit étaient incapables de les effaroucher correctement. »
La probabilité de l’attaque d’un ours polaire dépend de la situation concrète. Au contact de l’animal, on ne doit en aucun cas prendre la fuite ou faire des mouvements brusques. Il faut par contre se tenir tranquille, se figer ou s’éloigner doucement. Pour protéger les villages contre les invasions des ours, il faut réduire le nombre de poubelles contenant les déchets alimentaires ou de chasse. Elles doivent être situées le plus loin possible de l’habitat humain.
Les écologistes sensibilisent non seulement la population locale aux règles des contacts avec les animaux mais encore se documentent sur l’habitat des ours, leur population et sa composition par âge et par sexe, commente Ilya Mordvintsev, directeur adjoint du programme « Ours polaire » :
« Nous manquons, par exemple, de données relatifs à la population d’ours polaires dans le région de Tchoukotka, c’est pourquoi toute information est bienvenue. Nous examinons parfois les tanières déjà abandonnées par les ourses et calculons leur nombre et leur disposition les unes par rapport aux autres. Le projet se limitait initialement à Tchoukotka mais s'élargit progressivement vers l'Ouest. »
L’habitat permanent de l’ours polaire en Russie inclut la région allant de la Terre François Joseph et Nouvelle Zemble jusqu’à Tchoukotka. Le réseau des patrouilles des ours couvre actuellement 15 localités, 6 stations météo et 7 parcs naturels. L’action dite « les traces printanières » permettant de suivre les déplacements des ourses avec leurs oursons ayant quitté leurs tanières, se prolongera jusqu’ à la mi-avril.
La dégradation du climat est le fait des voitures et des vaches
L’agriculture menace l’environnement au moins autant que la production d’énergie ou le transport. La production de 500 g de viande s’accompagne de l’émission d’autant de gaz à effet de serre qu’une course en voiture longue de plusieurs dizaines de km, estiment les experts de l’ONU. Pourtant, pour améliorer la situation, l’humanité ne devrait pas renoncer forcément à la viande.
Pour obtenir une boulette de viande de seulement 225 g, il faut passer la viande par le hachoir, la saupoudrer de sel et de poivre, ajouter de l’oignon en fines tranches et du ketchup et émettre à l’atmosphère la quantité de gaz à effet de serre qui équivaut à une course en voiture de 16 km. Plusieurs facteurs qui portent préjudice au climat sont associés à l’élevage. Premièrement, les animaux consomment une quantité prodigieuse de plantes qui auraient potentiellement pu absorber le gaz carbonique. Deuxièmement, il faut prendre en compte le méthane dégagé par les ruminants. L’utilisation des chambres frigorifiques, des engrais etc. ne fait qu’empirer la situation. Tel est le prix du bifteck pour le dîner, signale Mikhaïl Youlkine qui dirige le groupe de travail du changement climatique de l’Union russe des entrepreneurs et industriels :
« Pour « bien manger », il faut payer un prix fort qui se répercute sur l’état de l’environnement et se traduit par l’impact important que l’élevage exerce sur le climat. Dans certains pays comme la Nouvelle Zélande, l’élevage est la principale source d’émission des gaz à effet de serre. »
Plus nous sommes nombreux et plus on produit de hamburgers. Dès lors, ceux qui réduisent la part de la viande dans leur menu apportent leur contribution à la protection de l’environnement, estime Alexeï Kokorine, directeur du programme « Climat et énergie » du WWH :
« Nous consommons plus de viande qu’il n’en faut à l’organisme humain. Une alimentation plus équilibrée avec moins de viande permettrait automatiquement de dépenser moins d’énergie et de réduire par conséquent les émissions des gaz à effet de serre. »
Mais on ne devrait pas pour autant renoncer entièrement à la viande. Il faudrait pratiquer en revanche une meilleure gestion en matière d’agriculture, estime Mikhaïl Youlkine :
« On peut éviter de renoncer totalement à la viande mais, pour ce faire, l’agriculture doit minimiser son impact négatif sur le climat, notamment par la reforestation et la bonne exploitation des terrains. »
L’agriculture ne vient qu’en troisième position après la production d’énergie et le transport en termes d’impact négatif sur l’environnement, mais certains experts craignent qu’il ne suffit plus de perfectionner l’industrie et le transport pour ralentir le réchauffement global. Les réformes et les améliorations s’imposent également dans l’agriculture.
La Russie se dote de son cerveau électronique
La Russie peut se passer des « cerveaux électroniques » importés tant sur terre que dans l’espace. La société holding « Rosélectronika » est en train de créer un superordinateur destiné l’industrie d’armement et faisant appel aux composants uniquement russes.
Ce cerveau électronique de nouvelle génération aura un débit de 1,3 petaflops. On peut dire à titre de comparaison que le superordinateur russe le plus puissant installé à l’Université Lomonossov de Moscou a un débit de 1 petaflops. De plus, cet ordinateur est basé sur les technologies occidentales alors que son analogue de nouvelle génération sera entièrement russe, ce qui est une véritable percée pour l’électronique nationale. Le flops est la quantité d’opérations réalisées par seconde. Elles étaient dans le temps mesurées en gigaflops, c’est-à-dire en milliards d’opérations par seconde, puis en teraflops (milliers de milliards) et actuellement en petaflops (millions de milliards). Un pataflops équivaut à un million de milliards d’opérations par seconde avec le point flottant. Les informaticiens russes peuvent élaborer le logiciel et les composants les plus sophistiqués. Par contre, les capacités de production font défaut et il faut mettre en place un matériel et les équipements modernes, estime Andreï Masalovitch, président du groupe « Inforus » :
« Les composants électroniques sont de 3 types et nous devons concevoir et fabriquer les équipements nécessaires pour les produire. Nous avons actuellement des spécialistes compétents en matière d’architecture des processeurs et de logique de programmation. Ils pourront donc fabriquer pendant 3 à 5 ans les circuits modernes pouvant servir dans les ordinateurs à processeurs multiples. Le retard dans ce domaine est de 5 ans seulement. Nous avons aussi besoin de machines-outils pour les produire. On pourra aller les chercher en Chine ou dans tout pays qui n’est pas très copain avec les USA. Alors on pourra fabriquer tous les composants en Russie en utilisant le matériel importé que nous ne fabriquions pas encore. Le retard dans de domaine est d’environ 15 ans sinon plus. »
La situation actuelle donne à la Russie une chance de ne plus être entièrement dépendante de l’exportation du pétrole, estime Andreï Masalovitch. Il faut tout simplement mettre au point une bonne stratégie de remplacement des produits importés. Nous avons le principal, les programmeurs capables de résoudre tous les problèmes. Ce qui manque, ce sont les capacités de production mais ce problème peut être résolu.
Les programmeurs russes font partie du top 5 les plus compétents au monde depuis les hackers individuels juqu’aux concepteurs des logiciels et schémas technologiques très perfectionnés. On peut seulement se demander si les composants du nouveau superordinateur seront au niveau de leur qualification.
De l’avis de l’expert, la Russie pourrait également choisir une solution plus simple, c’est-à-dire créer de nouvelles alliances technologiques sur la base des composants importés. L’idée d’indépendance électronique totale a un avantage important parce qu’elle permettra de faire franchir à la sécurité cybernétique un niveau qualitativement nouveau et jamais atteint jusqu’ici.
Certes, la production entièrement contrôlée depuis la création et les tests des circuits intégrés jusqu’à la fabrication des éléments électroniques et des ordinateurs, est la meilleure façon d’assurer la sécurité. Mais il existe une autre possibilité à savoir utiliser les équipements occidentaux mais contrôler les circuits et les technologies de fabrication. Ce serait plus simple technologiquement et le niveau de protection serait quasiment le même.
De surcroît, les ordinateurs ruses et le installations vitales seront beaucoup plus protégés contre les cyberattaques éventuelles puisque, pour reprendre le langage poétique des programmeurs, c’est l’architecture de l’ordinateur qui en détermine le bon fonctionnement.