La Russie et la Chine vont construire ensemble un avion de ligne et un pont sur le fleuve Amour, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Les deux pays vont également lancer des opérations mutuelles en monnaie nationale et comptent coopérer dans le secteur des hautes technologies.
Le premier pont entre la Russie et la Chine sera construit sur le fleuve Amour d'ici 2016.
Il permettra de réduire de 700 km le transport routier de marchandises russes à destination de la Chine. Pendant la visite du président russe Vladimir Poutine à Shanghai hier, les dirigeants des deux pays ont également évoqué l'exploitation conjointe des gisements de charbon, la construction de nouveaux sites énergétiques en Russie pour accroître les exportations d'électricité en Chine ou encore le développement de la coopération frontalière. Cette visite a également débouché sur le lancement de la conception en commun d'un avion long-courrier.
"Ce rapprochement avec la Chine est une démarche parfaitement naturelle, dictée avant tout par des motivations économiques. Aujourd'hui la Russie lui fournit principalement des matières premières, et en retour la Chine lui vend essentiellement des produits finis. Cette disproportion se maintiendrait si la Russie ne menait pas une politique de réindustrialisation, qui permettrait d'augmenter la part des marchandises russes à forte valeur ajoutée dans ses exportations vers la Chine", a déclaré Viktor Ivanter, directeur de l'Institut des prévisions d'économie nationale.
"La Russie ne doit pas pour autant faire une croix sur l'augmentation de ses exportations de pétrole et de gaz. La Chine souhaite élargir son panel de fournisseurs fiables de matières premières, et la Russie recherche des marchés d'écoulement", poursuit l'expert.
"Les échanges commerciaux entre les deux pays augmenteraient si le système de paiements se mettait en place correctement, permettant l'utilisation des monnaies nationales, des garanties bancaires et des crédits spéciaux pour les exportateurs - cela demande des structures financières et bancaires appropriées. Il faut commencer par l'infrastructure, les investissements dans ce domaine déterminent les relations économiques. Dans ce sens, la décision d'investir dans la construction d'un pont sur l'Amour est tout à fait naturelle", explique Viktor Ivanter.
"Quant à la coopération frontalière, ce sont les autorités des régions d'Extrême-Orient qui devraient en être chargées. Elles doivent pouvoir interagir directement avec les régions chinoises sur ces problèmes", a conclu l'expert.
"Les SSJ-100 et le MS-21 ne suffisent pas à la Russie pour accroître sa présence sur le marché aéronautique mondial. Pour sa part, la Chine souhaite avoir un partenaire doté d'un savoir-faire, parce que jusqu'à présent les projets aéronautiques chinois ont connu peu de succès. Ainsi, le développement de l'ARJ21 a commencé en même temps que le SSJ mais l'avion chinois n'est toujours pas certifié. Dans ce sens la Russie et la Chine pourraient être très utiles l'une pour l'autre", a déclaré Oleg Panteleev, directeur de l'agence analytique Aviaport.
