Notre correspondant en Géorgie Boris Mourachkine commente les résultats et l’héritage laissé par la « révolution des roses ».
Corruption, misère, faim, absence de gaz et d’électricité : telle était la situation en Géorgie avant 2003. Le peuple proteste dans les rues. Le président Chevardnadzé ayant été contraint d’abandonner son poste, Mikhaïl Saakachvili accède au pouvoir. Le coup d’Etat commis dans le pays le 23 novembre 2003 est qualifié de « révolution des roses ». Un commentaire de la politologue Nika Tchiguidzé :
« L’accroissement réel du PIB a dépassé 60% sous Mikhaïl Saakachvili. Le budget du pays a été multiplié par 12. Ces acquis exercent sans doute un effet positif sur le développement économique de la Géorgie. »
La situation évolue, semble-t-il, normalement. On a l’impression que la Géorgie commence à se remettre : les réformes sont appliquées, les travaux de construction d’envergure, la remise en état et l’aménagement d’autoroutes sont engagés dans le pays, on fait renaitre plusieurs villes. Mais les problèmes essentiels, tels que le chômage et la pauvreté, subsistent. Après la réforme du ministère de l’intérieur qui rend la police géorgienne l’une des plus meilleures dans la région, le département devient un instrument politique. Le gouvernement place les médias sous son contrôle. Selon le fondateur de la compagnie de télévision Imedi Gueorgui Djaochvili :
« Le gouvernement a voulu placer la compagnie de télévision sous son contrôle. Ils m’ont conduit à trois heures du matin chez un notaire. Il y avait des militaires dans la cour et ils m’ont contraint de réenregistrer les actions à un autre nom. »
Les compagnons d’idée de Saakachvili l’abandonnent graduellement suite à la pression sur les médias, les ONG, les milieux publics. A savoir le ministre des Affaires étrangères Zourabachvili, le ministre de la défense Okrouachvili, la présidente du parlement Bourdjanadzé, le ministre pour les affaires des réfugiés Khaindrava. L’ami de Saakachvili, le député Petre Mamradzé, décide lui aussi d’abandonner son parti.
« J’ai annoncé moins d’un mois après le début des activités du parlement où j’étais député que je me retirais dans l’opposition, le premier examen du compte rendu de l’ombudsman ayant été décliné. Il a été proclamé l’ennemi du peuple et il était clair qu’ils ne se souciaient que du pouvoir personnel. »
Pour conserver le pouvoir, Saakachvili et son entourage sont obligés de renforcer l’appareil policier, de surveiller l’opposition au régime. On assiste à l’effet d’un ressort comprimé. Malgré la falsification du bilan du scrutin, la coalition de l’opposition « Rêve géorgien » a gagné les législatives en 2012. Les fonctionnaires ayant violé la loi sont mis en prison à l’époque de Saakachvili et l’ex-président est contraint de quitter le pays. La situation en Géorgie est maintenant tout autre. Les Géorgiens se souviennent comme d’un cauchemar des neuf ans du régime de Saakachvili ayant accédé au pouvoir à l’issue du coup d’Etat baptisé « révolution des roses ». N
