Le secteur agroalimentaire ukrainien pris dans la tourmente

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Le secteur agroalimentaire est devenu la locomotive de l’économie ukrainienne. En effet, les autres secteurs accusent soit une croissance zéro, soit une chute brutale.

Selon les experts, l’industrie agroalimentaire ukrainienne fonctionne encore grâce à la force d’inertie mais les fermiers sont à court d’argent et le marché des crédits en Ukraine est pratiquement gelé. La récolte risque de pourrir sur pied. Les hostilités dans le Sud et l’Est du pays mettent en danger tout le système logistique et de livraison des céréales, ce qui explique l’absence de nouveaux contrats.

Le marché international des céréales est dans une mauvaise passe à cause de la crise en Ukraine. Le prix de la tonne de blé à la bourse de Chicago a atteint cette semaine un nouveau record depuis mars dernier. Les contrats de juillet se négocient actuellement à hauteur de 270 dollars la tonne. Odessa et encore 4 ports sur la mer Noire assurent près de 90 % des exportations de céréales en provenance d’Ukraine. Le pays occupe le 6e rang mondial pour les exportations de blé et le 3e pour celles de maïs. La flambée des violences en Ukraine risque de mettre en échec les exportations de produits agricoles, disent les opérateurs du marché. Si le blé renchérit dans le monde, c’est en partie à cause de la guerre civile qui a éclaté dans ce pays. Les événements tragiques d’Odessa ont encore jeté de l’huile sur le feu parce que c’est précisément dans cette région que se trouvent les ports d’où le blé est expédié aux consommateurs. Tous les contrats sont pour le moment honorés dans le secteur agraire ukrainien mais par force d’inertie, compte tenu du fait que la préparation pour la nouvelle saison avait commencé avant l’éclatement de la crise politique, estime Vladimir Petritchenko, directeur général de la société ProZerno :

« Les événements politiques en Ukraine n’ont pas encore provoqué dans l’agriculture ukrainienne les conséquences aussi dramatiques que dans les autres secteurs. Les semailles se sont déroulées sans problème et se poursuivent encore pour le maïs. Les emblavures d’automne se portent bien tout comme les contrats d’exportation à hauteur d’environ 30 millions de tonnes. »

La flambée des prix doit faire le jeu des fournisseurs. En effet, l’Ukraine pourra ainsi gagner plus d’argent et compléter ses réserves monétaires mais ce scénario est peu probable. L’année dernière, l’Ukraine a rentré une récolte record de 63 millions de tonnes mais celle de cette année est officiellement évaluée à 55-59 millions de tonnes. La cause réside surtout dans les problèmes internes et notamment dans le financement. L’adage : « On récolte ce qu’on a semé » ne peut pas s’appliquer à cette situation parce qu’il faut encore cultiver et vendre. Or, pour préserver la récolte, il faut du matériel, des engrais, des moyens d’arrosage et j’en passe, autant de frais que les fermiers ne peuvent pas se permettre d’assumer. La crise financière en Ukraine a définitivement privé les fermiers des possibilités d’emprunt. Les banques ne refusent pas officiellement les crédits mais demandent une caution qui est le double du prêt demandé. Les taux d’intérêt sur les crédits sont très élevés, de l’ordre de 18 % et même de 33 % compte tenu des assurances et des autres provisions. Cela dépasse d'un tiers la rentabilité du marché agraire et on se demande si la situation changera pour le mieux après la réception des crédits du FMI. Les agriculteurs ont dépensé pour les semailles tout l’argent qu’ils avaient mis de côté mais 20 % des terres sont restés en friche. Tous les problèmes ukrainiens pourraient se manifester vers l’automne, estime Dmitri Rylko, directeur de l’Institut de conjoncture du marché agricole :

« Les investissements par hectare sont en chute libre, ce qui signifie qu’il y aura moins de fertilisants. Cela peut se répercuter sur le rendement et la qualité du blé ukrainien. Si la situation ne s’améliore pas, les problèmes ne feront que s’accumuler, surtout en période de moisson, quand le carburant peur venir à manquer. Les cultures d’automne seront également menacées. »

Les événements politiques dans le Sud et l’Est de l’Ukraine se répercutent sur un autre facteur important. C’est que l’Ukraine est très dépendante des contrats à long terme de livraison de céréales. Si les anciens contrats sont honorés, les traders sont réticents d’en conclure de nouveaux. Et on ignore qui va garantir l’exécution de ces contrats puisque les événements en Ukraine peuvent facilement être classés dans les contrats comme « circonstances de force majeure ». Ce sont autant de risques qui amènent les acheteurs éventuels à se fournir ailleurs et notamment en Roumanie, Bulgarie et Russie. T


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