Ils s’inscrivent même à des cours de diction. Cette tendance paraît en apparence étrange, surtout dans le contexte des rapports tendus entre les autorités actuelles de Kiev et la Russie, mais elle est en réalité facile à expliquer.
En effet, l’instabilité en Ukraine et ses relations tendues avec la Russie poussent les hommes d’affaires et les politiques à suivre des cours de diction. Les hommes d’affaires et publics veulent apprendre à parler correctement le russe pour pouvoir quitter un jour l’Ukraine et faire des affaires à l’étranger. Selon Arsène Nersissian, fondateur et directeur général de la société Club des Orateurs (The Orator Club) :
« Cette tendance montre que les gens souhaitent avoir un business stable et normal. Et puisque les rapports entre les banques russes et ukrainiennes son perturbés sur fond d’instabilité politique, les hommes d’affaires ukrainiens sont très pénalisés. Ils ont besoin d’un havre de paix. A savoir, en l’occurrence, la Russie, où ils déménagent avec leur business. Après tout, c’est un pays slave frère aux traditions et mode de vie similaires. C’est également un grand pays au vaste marché, où ils peuvent s’installer et se sentir en sécurité. »
Par contre, l’accent ukrainien prononcé peut être un handicap, dissuader les partenaires et les clients en puissance et faire le jeu de la concurrence, ajoute Nersissian :
« Le fait de parler avec un accent est mal perçu par les hommes d’affaires ou les politiques eux-mêmes. Ils souhaitent s’intégrer au plus vite à la communauté et au business locaux. Par conséquent, ils souhaitent se débarrasser de leur accent et apprendre à parler correctement le russe. »
Les professeurs de diction font valoir qu’il est assez difficile de se débarrasser de l’accent ukrainien et il faut pour cela s’attaquer à la base de l’orthoépie. Pourtant, ceux qui se sont donné pour objectif d’apprendre à parler un russe littéraire, sont prêts à travailler corps et âme puisque leur business en dépend, explique Ludmilla Pankratova, membre de l’Académie vocale russe et professeure de discours scénique qui enseigne au Club des Orateurs :
« Leur travail suppose des contacts et leur accent constitue un handicap parce que la façon de parler est une carte de visite en soi. L’homme est jugé à sa façon de parler. Il faut surtout rendre le discours parlé acceptable et c’est un processus long et complexe qui demande beaucoup d’efforts. »
La crise en Ukraine tend cependant à s’aggraver et de nombreux entrepreneurs commencent à quitter le pays à la recherche de lieux plus propices aux affaires, dont la Russie. N