Ce 23 avril est le 450e anniversaire de la naissance du génial dramaturge anglais et cette date emblématique a été célébrée partout dans le monde, y compris en Russie.
Les grandes célébrations consacrées à cette date anniversaire se déroulent, naturellement, à Londres ou, plus exactement au le théâtre londonien du Globe. En effet, c’est pour ce théâtre qu’écrivait Shakespeare et c’est ici qu’il mettait en scène ses pièces immortelles, 38 au total. La plupart d’entre elles comme « Hamlet », « Le roi Lear », « Roméo et Juliette » trônent depuis des siècles domicile au-devant de la scène mondiale et ont connu bien des adaptations cinématographiques. Elles figurent également à l’affiche du festival shakespearien auquel participent 37 troupes : classiques, expérimentales, jeunes et moins jeunes. La Russie est représentée au théâtre du Globe par la troupe du théâtre Vakhtangov de Moscou qui y a amené le spectacle « Mesure pour Mesure », dont le nom nous renvoie à la sagesse biblique : « ne jugez pas et vous ne serez point jugés ». « Mesure pour Mesure » est une pièce-piège parce que chacun de ses personnages se prend au piège tendu pour un autre. « Ce sont les paradoxes de la nature humaine qui m’intéressent dans cette pièce », dit son metteur en scène Youri Boutoussov bien connu à Moscou :
« J’essaie toujours de comprendre les contradictions et le caractère impénétrable de la nature humaine. L’homme est insondable comme l’espace et est tissé de paradoxes. Il peut être beau, épouvantable, dégoûtant et étonnant. Et c’est cela, le plus intéressant ! »
Moscou a également célébré l’anniversaire du grand classique anglais et notamment dans le cadre du projet spécial du Théâtre des Nations sous le nom de « Shakespeare. Labyrinthe », sorte de voyage à travers la vie et l’œuvre du dramaturge sous forme d’une grande performance. Pour commencer, les spectateurs reçoivent des masques avec le portrait de Shakespeare et des écouteurs dans lesquels ils peuvent entendre un guide audio parler de Shakespeare et en son nom. Puis le classique fait son apparition devant le public, en l’appelant à recréer sa pièce réputée perdue. Après cela, il tourne et retourne dans son cercueil posé sur une table, apparemment mécontent du résultat. Le projet « Shakespeare. Labyrinthe » est une cascade d’attractions. Dans une salle, les spectateurs peuvent caresser des chatons aux sons de l’air d’Ophélia de l’opéra « Hamlet » et dans une autre, voir en réalité le rêve de cauchemar de Lady « Macbeth » et même quelque chose d’encore plus épouvantable. Un théâtre de marionnettes a montré un mini spectacle inspiré de la tragédie de Shakespeare « Tit Andronic », avec des créatures infernales en train de préparer des plats à base de chair humaine. La réaction du public est très mitigée. C’est Alexeï Bartochevitch, spécialiste de l’œuvre de Shakespeare qui se montre le plus imperturbable. Il a notamment dit dans une interview à La Voix de la Russie :
« Shakespeare est très complet dans ce spectacle en sa qualité de maître de l’horreur. On a même l’impression que sa pièce maîtresse, ce n’est pas Hamlet ou Macbeth, mais Tit Andronic, la tragédie la plus sanglante et la plus épouvantable. C’est en fait plus un spectacle grotesque inconscient qu’une tragédie. Shakespeare pouvait-il écrire ce cauchemar? Hé oui ! Et le public l’a bien aimé. »
Les cauchemars ont finalement cédé la place au rappel poétique de la dernière pièce du dramaturge, « La Tempête », dans une mise en scène de Moscou de 1901. A propos, c’était loin d’être la première pièce de Shakespeare sur la scène russe. Cela fait plus de 200 ans que la Russie vit avec Shakespeare et qu’elle vivra toujours avec lui. N