Il a promis une aide financière de 50 millions de dollars au pays dont la dette se chiffre à des milliards de dollars. La raison en est simple, Washington est déçu par les autorités actuelles de Kiev parce qu’il se rend compte qu’il a affaire et des personnages douteux qui doivent être rigoureusement contrôlés.
La visite de Biden en Ukraine est une sorte de compensation pour la déception éprouvée par les autorités de Kiev à la suite des accords de Genève. En effet, les États-Unis avaient pratiquement abandonné Kiev et ont été même incapables d’introduire dans le texte final du document le point sur les garanties de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, estime Grigori Trofimtchouk, vice-président du centre de simulation du développement stratégique :
« Pour Kiev, Biden est un cadeau en soi-même et la Maison Blanche s’en rend parfaitement compte. Elle ne pouvait pas lancer une assistance technique réelle avant d’envoyer sur place le vice-président des États-Unis, c’est-à-dire quelqu’un de très haut placé. Si l’argent réelle se fait toujours attendre, ce sera le tour d’Obama d’aller à Kiev pour soutenir le gouvernement provisoire. En effet, c’est tout ce que les États-Unis peuvent proposer pour le moment et on sait bien qu’il n’y avait pas un deuxième avion bourré de dollars à côté de celui de Biden. »
Les médias ukrainiens attendaient cependant beaucoup de la rencontre entre le vice-président des États-Unis et le président ukrainien intérimaire Alexandre Tourtchinov. Or, Biden s’est limité à quelques promesses. Washington s’est engagé à aider Kiev à rétablit son intégrité territoriale, à réduire sa dépendance par rapport au gaz russe et à débloquer 50 millions de dollars pour la conduite de réformes. Certes, l’Ukraine qui se trouve au bord d’une crise financière ne peut pas s’accommoder d’une somme aussi modeste. Si la Maison Blanche hésite d’investir davantage, c’est parce qu’elle doute de pouvoir un jour récupérer son argent ou craint qu’il ne soit détourné par les autorités de Kiev, estime Sergeï Pravossoudov, directeur de l’Institut de l’énergie nationale :
« Les États-Unis ont promis 50 millions d’USD mais on sait que l’Ukraine doit déjà 2,2 milliards pour le gaz russe, tant et si bien que c’est un somme purement symbolique. C’est certainement un canard de propagande du même genre que les propos tenus par Hillary Clinton lors de sa visite en Ukraine qui a déclaré que le gaz de schiste et le chocolat étaient les atouts concurrentiels majeurs de l’Ukraine. Si le gaz de schiste n’a pas été découvert en Ukraine, le chocolat est en revanche produit en quantité par le candidat à la présidence Porochenko soutenu à fond par les Américains. Cela atteste le niveau de leur réflexion tout juste digne d’un cliché de propagande. »
Il est évident que la crise en Ukraine échappe au contrôle des autorités américaines et ne sert plus leurs intérêts. La déclaration de Ron Paul, un libertarien américain notoire, montre que Washington s’éloigne progressivement même de sa ligne antirusse de principe dans la question ukrainienne. Il a dit notamment : « Peu importe pour les États-Unis le drapeau de qui flottera sur une lopin de terre à des milliers de km de chez nous ».