Pour leur part, les renseignements américain et sud-coréen ont fait état d'un regain d'activité inouï sur le polygone nucléaire nord-coréen. Ces informations ont été relayées par de nombreux journaux dans le monde.
Il est cependant à noter que l'attention du public intéressé a été attirée non pas par des communiqués officiels des renseignements américain et sud-coréen, mais par le site 38th North (38ème parallèle Nord), spécialisé dans l'analyse des informations sur la Corée du Nord et dirigé depuis Washington par John Hopkins.
L'attention portée au site 38th North tient notamment au fait que cet organisme coopère avec des spécialistes en matière d'analyse des images satellites. Ce sont eux qui ont découvert l'année dernière qu'un réacteur nucléaire avait été relancé en Corée du Nord.
Au début, les experts du site 38th North ont déclaré que l'analyse des images satellitaires n'avait détecté aucun signe d'activité extraordinaire sur le polygone nucléaire. Cependant leur position a changé le 25 avril. Suite à l'examen des photos nouvelles les analystes du site ont déclaré qu’une préparation intense en vue d'un nouvel essai nucléaire devait être menée. Il est instructif que suite à cette déclaration du site 38th North la plupart des experts ont convenu qu'un test nucléaire aurait, en effet, lieu prochainement.
L'attention accordée par la communauté des experts aux informations diffusées par le site 38th North atteste que nous avons affaire à une tendance curieuse liée aux changements en cours dans le monde moderne.
Jusqu'à ces derniers temps, le monopole de nombreuses technologies de collecte et d'analyse des données de reconnaissance appartenait par définition à l'Etat. Seuls des organismes publics possédaient les possibilités financières et techniques d'utiliser les images satellites et aériennes de haute résolution. En plus, seuls ces organismes étaient en mesure de mener à grande échelle les écoutes des communications téléphoniques et radio.
A présent la situation change radicalement. Il est clair que le site 38th North et les autres centres d'études privés ne disposent pas de satellites de reconnaissance. Cependant ils peuvent toujours obtenir, moyennant un prix raisonnable, les images des zones qui les intéressent. La qualité de ces images commerciales devient actuellement assez élevée et permet aux organisations privées de tirer des déductions ayant une grande valeur politique et militaire.
N'oublions pas les défauts propres aux structures publiques. La bureaucratie d'Etat possède souvent des raisons politiques de faire passer leurs désirs pour des réalités ou de pratiquer la désinformation et de tromper l'opinion publique nationale et internationale.
Les organismes privés eux aussi peuvent avoir diverses raisons politiques. Mais alors c'est « la main invisible du marché », pour reprendre un propos d'Adam Smith, qui entre en jeu. Le marché des analyses politiques privées est une arène de concurrence violente. C'est pourquoi les organismes dont les prévisions s'avèrent justes bénéficieront d'une plus grande confiance, tandis que ceux qui commettent souvent des erreurs (indépendamment de savoir si c'est à dessein ou non) cesseront tôt ou tard d'être pris au sérieux.
En plus les structures privées se distinguent pas une plus grande souplesse. Elles peuvent embaucher à court terme des spécialistes très qualifiés et de mettre en place des collectifs d'étude provisoires. C'est pourquoi un groupe de particuliers doté d'un budget assez modeste est capable d'affronter les problèmes qui, il y a seulement 15 ou 20 ans, étaient à la limite des possibilités des services de renseignement des grandes puissances. Voici une circonstance qui pourrait exercer une influence non négligeable sur le mécanisme de la politique internationale. T