Présidentielle en Syrie: Assad sans concurrence

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Alors que les combats continuent à Homs et que la destruction des armes chimiques touche à sa fin, le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle commence aujourd’hui en Syrie, écrit lundi 21 avril le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Alors que les combats continuent à Homs et que la destruction des armes chimiques touche à sa fin, le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle commence aujourd’hui en Syrie, écrit lundi 21 avril le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

La date exacte du scrutin devrait également être annoncée dans la journée et sera probablement fixée à mai ou juin. Pour l’instant, l’actuel président Bachar al-Assad n’a pas de concurrent déclaré.

Le deuxième mandat présidentiel d’Assad expire le 17 juillet 2014 et il est pratiquement certain qu’il en briguera un troisième. Après le décès de son père Hafez Assad, il avait été soutenu à l'unanimité par le parlement en 2000 puis réélu en 2007 avec 97,6% des suffrages. Aujourd'hui, les intentions de vote pour Bachar al-Assad se situent autour de 80%. La nouvelle Constitution, entrée en vigueur le 27 février 2012, a introduit le principe du pluralisme dans la vie politique syrienne - permettant la participation de plusieurs candidats à l'élection présidentielle. Cette élection sera donc la première a avoir une forme démocratique: jusqu’ici, le président devait obligatoirement être membre du parti dirigeant Baas, puis sa candidature était avancée par le parlement et devait être approuvée à plus de 50% par un référendum. Désormais, le pouvoir présidentiel est limité à deux mandats de 7 ans.

Assad n'a pas de concurrents pour l'instant. Les représentants les plus notables de l'opposition ne peuvent pas se présenter après leur long exil car la loi sur les élections, approuvée en mars, stipule que tout candidat à la présidence doit résider dans le pays depuis au moins 10 ans, s'assurer le soutien de 35 députés et que les deux parents du candidat doivent être Syriens. Il existe également des restrictions pour les électeurs, qui doivent obtenir des autorités une nouvelle carte d'identité spéciale - et ceux qui ont fui le pays de manière illégale ne peuvent pas recevoir ce document. De plus, les électeurs des régions occupées par les rebelles (plus de 6 millions de personnes) pourront difficilement se rendre sur les lieux d'enregistrement. Encore 3 millions de personnes ont fui le pays et pourront difficilement se rendre dans les représentations diplomatiques syriennes à l'étranger.

Les observateurs voient dans ce scrutin une "parodie de démocratie". Le commentateur politique du britannique Daily Telegraph Peter Oborne nuance, dans un récent article suite à son voyage en Syrie: "Je dirais que le soutien du gouvernement se maintient mais aussi que le président Assad a toutes les chances de remporter l'élection, même si elle était libre et honnête". Le journaliste a découvert que même ceux qui ne soutenaient par le parti Baas étaient près à voter pour Assad. Les citoyens progressistes de diverses confessions revendiquent toujours des réformes plus radicales du système politique mais ils évoquent aussi l'ingérence de jihadistes étrangers dont l'expulsion, couplée au rétablissement de la souveraineté syrienne empêchée par l'Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et les pays occidentaux, est une priorité.

En dépit du contexte de guerre, des manifestations se sont déjà déroulées à Damas et à Homs pour soutenir Assad. Des combats acharnés s'y déroulent ces derniers jours et les deux camps subissent des pertes importantes. Des activistes antigouvernementaux ont rapporté au New York Times des bombardements pratiquement permanents des quartiers de la vieille ville et de la banlieue Waer occupés par les rebelles, à coups de shrapnels, de mortiers, d'artillerie lourde et de bombes à sous munitions larguées par hélicoptère. La situation à Homs a suscité une large réaction internationale. Le médiateur de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi a qualifié Homs de "théâtre de destruction et de mort" et s'est dit préoccupé par le fait que le Conseil de sécurité des Nations unies risquait de devenir un "simple spectateur" de cette tragédie. La porte-parole du département d'Etat Jen Psaki a souligné que Damas n'appliquait pas la résolution 2139 adoptée en février par le Conseil de sécurité appelant à assurer l'accès à l'aide humanitaire pour la population civile et interdisant l'utilisation de bombes à sous munitions.





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