La secte Boko Haram est pour le moment la plus active. Pour reprendre l’expression du président nigérian Goodluck Jonathan, « Boko Haram a grossi comme un cancer » qui veut « tuer » le pays. Boko Haram (traduit de haussa, ce nom signifie «l’éducation occidentale est un péché») est un vrai cauchemar pour les Etats du Nord du Nigeria et préoccupe les autorités centrales à Abuja. La secte se fixe pour objectif d’assurer l’introduction de la charia dans le pays où près de la moitié des habitants professent le christianisme. Le port du pantalon et des chemises pour les femmes, la participation aux élections, l’éducation laïque – de l’avis des islamistes, c’est un sacrilège inadmissible pour les fidèles. La secte ne saurait sans doute modifier le contexte confessionnel de ce pays africain de 160 millions d’habitants qui est, d’après sa population, le plus grand surle continent. Or, la secte se montre très agressive dans les Etats du Nord où prédominent les adeptes de l’islam. Elle a engagé ses activités dans les Etats de Yobe et de Borno, les plus pauvres au Nigeria. Dans le même temps, les militants de la secte prétendaient être « Talibans nigérians » en exprimant par là même la solidarité aux Talibans afghans combattant contre les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Les sectaires n’ont osé au début qu’attaquer les postes de police pour s’emparer des armes. La police s’est débrouillée vite avec eux. Or la secte s’est retirée dans la clandestinité et n’a repris ses activités qu’en 2006 sous le nom Boko Haram. Son leader Mohammed Yusuf a reçu sa formation aux écoles coraniques au Tchad et au Niger. En 2009 lorsque les commandos de la secte ont emprunté le chemin de la guerre Mohammed Yusuf a dit dans une interview accordé à la BBC que les idées de l’éducation occidentale, par exemple, le cycle de l’eau, le darwinisme, la forme sphérique de la Terre entrent en contradiction avec l’islam. Boko Haram a déjà commis des dizaines d’attentats dont les plus cruels – le 14 avril. Un véhicule piégé a explosé lundi tôt dans la matinée devant l’autogare de Nyanya, dans la banlieue d’Abuja, capitale fédérale du Nigeria. L’attentat a fait 71 tués et 124 blessés. Un groupe de commandos de Boko Haram a attaqué le soir le lycée pour filles à Chibok, dans l’Etat de Borno. Fait révélateur : le lycée était gardé par les soldats de l’armée gouvernementale ce qui n’a pas empêché les attaquants de capturer et de contraindre à monter au camion près de 130 lycéennes. Les commandos de Boko Haram les ont emmenées dans la forêt. Selon les données fournies par les personnalités officielles, 14 lycéennes ont réussi la nuit à sauter du camion et se sont sauvées. Les autres sont toujours dans un endroit inconnu quelque part dans la forêt à proximité de la frontière avec le Cameroun. « Combien longtemps Boko Haram sèmera la peur et la panique parmi les civils ? « L’africaniste en vue de l’IRIS Philippe Hugon répond dans une interview accordée par téléphone de Paris à cette question de notre observateur.
Boko Haram terrorise toujours le Nigeria
Boko Haram terrorise toujours le Nigeria
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« Al-Qaïda au Maghreb islamique » déployant ses activités au Sahel-Sahara, « Al Shebab » en Somalie et Boko Haram au Nigeria sont les groupes islamiques extrémistes les plus connus sur le continent.