Merkel tente de réduire la pression avec Moscou

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La chancelière allemande Angela Merkel, qui mettait auparavant en garde la Russie contre des conséquences économiques et politiques graves en cas d'intégration de la Crimée, a ces derniers temps assoupli sa position vis-à-vis de Moscou, écrit mercredi le quotidien Vedomosti.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui mettait auparavant en garde la Russie contre des conséquences économiques et politiques graves en cas d'intégration de la Crimée, a ces derniers temps assoupli sa position vis-à-vis de Moscou, écrit mercredi le quotidien Vedomosti.

Aujourd'hui, son gouvernement appelle au dialogue avec le Kremlin, y voyant l'opportunité de protéger les intérêts nationaux de l'Allemagne. "Chaque jour qui passe, je travaille pour poursuivre le dialogue avec la Russie," a déclaré Merkel le week-end dernier à la réunion de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU).

Ces derniers jours, Merkel et d'autres membres du gouvernement allemand ont répété à plusieurs reprises que leur priorité était de réduire la tension dans les relations avec la Russie. Ainsi Berlin s'est opposé aux appels de la Pologne et d'autres pays d'Europe de l'est à déployer des troupes supplémentaires de l'Otan près des frontières est de l'Alliance. En outre, le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a déclaré qu'il ne voyait aucune possibilité pour l'Ukraine d'adhérer à l'Otan.

Le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert a exprimé sa déception en constatant que Vladimir Poutine n'avait pas retiré ses troupes déployées à proximité de la frontière ukrainienne, comme il avait promis de le faire lors d'une conversation téléphonique avec Merkel la semaine dernière. Mais il a ajouté que toutes les parties devaient éviter l'escalade du conflit.

Le ton austère des déclarations antérieures de Merkel au sujet de la crise en Ukraine avait été interprété par les pays européens comme un signe indiquant que l'Allemagne acceptait le rôle de leader régional et était prête à risquer son rapprochement avec Moscou, en cours depuis de nombreuses années. Mais l'approche plus souple adoptée actuellement par Berlin porte à croire que Merkel n'est pas prête à ce que l'Allemagne endosse un rôle plus significatif dans les relations internationales et qu'elle restera dans l'ombre des Etats-Unis.

Une politique de relations étroites avec le bloc socialiste est née à la fin des années 1960 en Allemagne de l'ouest et a été baptisée Ostpolitik (politique de l'est). De nombreux Allemands pensent que cette politique a permis d'empêcher une confrontation armée avec l'URSS et a contribué à la réunification de l'Allemagne.

Cet héritage est l'une des raisons pour laquelle les prédécesseurs de Merkel – Helmut Schmidt, Gerhard Schröder et Helmut Kohl – ont dit comprendre les actions de la Russie. "Nous avons manqué de subtilité dans la coopération avec notre voisin russe, notamment avec le président Vladimir Poutine", a déclaré en mars l'ex-chancelier Helmut Kohl dans une interview accordée à la revue Bild.

Selon les sondages, la majorité des Allemands souhaitent que l'Allemagne conserve l'équidistance entre la Russie et l'Occident, et agisse en tant que médiateur. Plus de 60% des personnes interrogées s'opposent également à ce que l'Allemagne envoie ses forces aériennes pour renforcer les frontières est de l'Otan.

Mais la volonté des Allemands d'éviter la confrontation avec la Russie n'est pas l'unique cause du changement de la ligne de Merkel. Les intérêts d'affaires jouent également un rôle important.

Nombre de grandes compagnies allemandes, de Siemens à Volkswagen, ont investi beaucoup d'argent en Russie. Bien que la Russie ne représente que 3% des exportations allemandes, le marché russe est crucial pour des compagnies allemandes influentes. C'est la raison pour laquelle les dirigeants d'Adidas, de Thyssen-Krupp et de Deutsche Post (propriétaire de DHL) ont récemment critiqué la position de l'Occident par rapport à la crise en Ukraine et déclaré que Poutine avait été placé au pied du mur.

Peu de temps après l'intégration de la Crimée à la Russie, le directeur général de Siemens Joe Kaeser a rencontré Poutine et souligné l'importance des liens économiques entre la Russie et l'Allemagne. Cette visite publique a été perçue comme une tentative de faire entendre à la Russie que les relations commerciales entre les deux pays ne devaient pas être affectées par ce que Kaeser a qualifié de "troubles passagers".

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