Le Rwanda commémore le 20e anniversaire de Kwibuka

Le Rwanda commémore le 20e anniversaire de Kwibuka
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Kwibuka est le nom que les Rwandais ont donné à la semaine du deuil national en souvenir des victimes du génocide ethnique au Rwanda qui est la plus grande catastrophe humanitaire en Afrique et sans doute dans le monde au cours de la dernière décennie du XXe siècle.

Kwibuka est commémoré pour la 20e fois après le 7 avril 1994. En intervenant lundi à la cérémonie de deuil en présence de 8 chefs d’État africains et d’une trentaine de délégation étrangères rassemblés dans le stade d’Amahoro à Kigali, le président du Rwanda Paul Kagamé a déclaré : « Il y a 20 ans le Rwanda n’avait pas d’avenir, seulement un passé ». La moitié de plus de 12 millions d’habitants actuels du Rwanda sont nés après le génocide », a ajouté le président. En présence de l’invité de marque, le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon, Paul Kagamé et son épouse ont allumé dans le stade « une flamme du deuil » qui brûlera durant 100 jours, symbolisant la centaine de jours que durèrent les massacres. Rappelons que le soir du 6 avril 1994, a été abattu l’avion à bord duquel le président Juvenal Habiabmana, le premier Hutu élu démocratiquement et le président du Burundi voisin Melchior Ndadaye revenaient d’une conférence à Arasch en Tanzanie. La nouvelle de la mort du premier président Hutu au Rwanda s’est répandu comme une traînée de poudre et le matin du 7 avril ses congénères se sont mis à massacrer les Tutsis, deuxième ethnie rwandaise par ordre d’importance, pour venger sa mort et surtout l’humiliation séculaire. Même les soi-disant Tutsis modérés n’étaient pas épargnés. Le carnage avait commencé dans la capitale et s’est rapidement étendu au reste du pays. Le bilan des 100 jours des massacres s’élève selon les différentes estimations de 800 à 1 million de personnes. Environ 2 millions de Rwandais, tant Hutus que Tutsi, ont fui le pays pour échapper au génocide. Il a fallu plusieurs années pour que la vie au Rwanda rentre dans la normale. Il reste cependant pas mal de zones d’ombre dans l’histoire de ce génocide ethnique. Qui était derrière le crash de l’avion présidentiel et le Front patriotique rwandais commandé par Paul Kagamé? Le Front s’est emparé de Kigali fin avril et Kagamé gouverne depuis avec succès le pays. Qu’est-ce qui explique l’inaction des 2 500 « casques bleus » de l’ONU stationnés au Rwanda qui n’ont pas levé le petit doit pour prévenir le carnage interethnique? Pourquoi la tragédie rwandaise était-elle si mollement discutée au sein de l’ONU elle-même? Et enfin, quel rôle avait joué la France, unique pays européen ayant organisé l’opération Turquoise qui a permis de mettre en place une « zone humanitaire de sécurité » pour les réfugiés Hutus et Tutsis? On aurait sans doute pu éviter la tournure tragique des événements au Rwanda qui ont déferlé sur toute la région des Grands Lacs au cœur de l’Afrique, s’il n’avait pas de conflit d’intérêts entre la France et la Belgique d’un côté et les États-Unis et la Grande Bretagne de l’autre, rivalisant d’influence dans cette riche région du continent. Il est significatif que le président Paul Kagamé air rejeté le demande de Paris d’envoyer une délégation représentative à la cérémonie de deuil à Kigali. L’invitation envoyée à l’ambassadeur de France au Rwanda a été annulée au dernier moment. Par ailleurs, les autorités rwandaises ont renoncé au français en qualité de langue officielle pour passer à l’anglais.

Conformément la décision de l’ONU, à partir de 2004, le 7 avril est commémorée comme « La Journée international du souvenir du génocide du Rwanda ». Cette date était également commémorée à Moscou, à l’Institut de l’Afrique. L’ambassadrice du Rwanda en Russie Jeanne d’Arc Mujawamariya dit dans l’interview accordée à notre correspondant Igor Yazon qu’il ne faut pas laisser se reproduire la tragédie de 1994.

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