Réunis à Yokohama (Japon) les experts ont approuvé le deuxième volume du 5e rapport d'évaluation sur le problème du changement climatique dont les conséquences sont déjà ressenties sur tous les continents.
Nous vivons à l'époque des changements climatiques. La majorité des scientifiques du monde entier est d'accord avec cette conclusion tout comme avec le constat d'après lequel la raison principale de ces changements réside dans l'activité humaine. Cette prise de conscience ne signifie pas cependant que l'humanité est disposée à renoncer aux activités portant préjudice à l'environnement et plus particulièrement aux rejets de gaz à effet de serre, note Mikhaïl Lokochtchenko, de la chaire de météorologie et de climatologie de l'Université Lomonossov de Moscou :
« L'humanité n'est pas en mesure de réduire notablement les rejets de gaz à effet de serre. Cela conduirait au collapse de l'économie et de la production mondiales. Les gens font brûler du pétrole, du gaz et des combustibles solides d'où une augmentation du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Que pourrait-on faire ? A titre d'exemple, disperser artificiellement des aérosols de sulfates dans les couches supérieures de l'atmosphère pour compenser l'effet de serre. Pourtant certains chercheurs jugent ce procédé dangereux pour la couche d'ozone qui nous protège contre le rayonnement solaire à ondes courtes. Faute de mieux, il convient de construire des digues parce que le réchauffement climatique qui se poursuit conduira à la hausse du niveau de l'océan mondial ».
Les chercheurs ne doutent pas que le changement climatique commencé au siècle dernier se poursuivra. La question reste de savoir quelle sera la rapidité du changement et si les gens peuvent s'y préparer. Dans ce contexte, la population des différents territoires sera confrontée à des menaces différentes. Les habitants des Etats insulaires et des zones côtières seront menacés d'être inondés suite à la hausse du niveau de l'océan mondial. Les pays d'Afrique et d'Asie auront affaire à l'exacerbation des problèmes de famine et de pauvreté. Selon Vladimir Klimenko, membre correspondant de l'Académie des sciences de Russie et professeur à l'Institut énergétique de Moscou, le lien entre le changement climatique et la situation socio-économique devient plus évident que jamais :
« Les pays développés sont essentiellement situés dans des régions de moyennes et hautes latitudes, tandis que les pays pauvres se trouvent aux basses latitudes. Ainsi dans les régions de basses latitudes le changement du climat aura pour effet celui du régime des précipitations. Plus particulièrement en Afrique, entre l'équateur et le 30° de latitude nord, la quantité de précipitations diminue. Cela produit naturellement un effet néfaste sur l'agriculture. Si l'on retient que 80 % de la population du Kenya, de l'Ethiopie, de la Somalie, du Tchad et du Niger dépendent de l'agriculture, la situation dans ces pays devient dramatique. »
Les auteurs du rapport intergouvernemental appellent les gouvernements, le monde des affaires et les organisations internationales à mettre au point et à appliquer des mesures d'adaptation plus amples dont la portée ira grandissant au fur et à mesure du changement du climat et de la société.
Le 7 avril, le groupe d'experts se réunit à Berlin pour adopter le 3e volume du rapport d'évaluation. Dans ce volume les experts proposeront des solutions en vue d'atténuer les retombées du changement climatique.T